chapitre 13

Un courant d’air froid se glissa sous la couverture et Mizuki grommela de mécontentement d’une voix ensommeillée :

-Mmh… Froid !

-Gnnééé ? Qu’est-ce que… ?!

Il y eut une courte pause puis l’autre voix ensommeillée qui avait réagis à la protestation de Mizuki reprit :

-Ah oui c’est vrai ! Allez réveille-toi ! On va bientôt y aller.

Le ventre sur lequel elle était allongée se redressa et elle glissa par terre, complètement emmêlée dans les couvertures. Comme elle n’était pas encore réveillée, plus elle se débattait avec la couverture et moins elle arrivait à en sortir ! Daniel contemplait cette scène avec amusement avant de prendre en pitié la petite Norix en la dégageant. Honteuse d’avoir eu besoin d’aide pour une si petite chose, elle s’éloigna en fulminant mais elle n’avait pas fait trois pas  qu’elle sentit qu’on la retenait pas  derrière.

-Mais qu’est-ce qui se passe ?!

-Ah, ça doit être le sort qui nous lie tous les deux. Je ne pensais pas que ça se manifesterait comme ça.

-Tu pensais à quoi ?

-Un truc plus rigolo, fit évasivement Daniel avec un geste vaque.

-C’est suspect ton truc…

Elle voleta jusqu’à son épaule et s’accrocha fermement à son oreille.

-Aïe, arrête de me tirer dessus !

-Si tu ne me dis pas tout de suite à quoi tu pensais, je vais te faire des choses encore pire… C’est fou comme un filet d’eau peut passer n’importe où.

-Noon ? Tu ne ferais pas ça…

-Oh que si ! Alors ?

-Tu ne me feras pas la tête ? Tu ne vas pas m’écharper sur place ?

Un long silence s’ensuivit.

-Une petite décharge électrique aurait pu être sympa… ou que tu prennes feu. Un énorme bruit… un truc bien désagréable quoi…

-Non mais t’es complétement taré ! Ça va pas bien dans ta tête !!!

-Mes oreilles !

-Non mais j’en reviens pas !

-Toujours vexée ?

Un silence boudeur s’ensuivit.

-Dis si tu arrêtais de faire la tête… J’ai besoin de toi…

Mizuki sortit de son mutisme pour déclarer d’une voix sèche :

-Alors quand on a besoin de moi tout de suite les choses s’arrangent ! Par contre tant que Mademoiselle Mizuki ne sert à rien, on ne lui adresse surtout pas la parole ! Encore moins pour s’excuser !

-Je suis vraiment désolé Mizuki, mais là je suis complètement perdu.

-Bah réfléchi encore un peu, de toute façon j’ai tout mon temps maintenant et je ne marche pas..

-Tu es égoïste !

-Parce que tu ne l’es pas toi peut-être ?

-Je ferais n’importe quoi pour que tu me pardonnes… Et on est dans la même galère ! Plus on mettra de temps à trouver cette fleur, plus longtemps tu seras obligée de rester avec moi.

Chose qui ne la dérangeait nullement pour l’instant puisque justement elle était intimement persuadée de devoir rester avec lui. Mais ça elle ne risquait pas de le lui dire.

-Vraiment n’importe quoi ?

-Oui !

-Bon bah alors tu m’en dois une. Je n’ai pas d’idée pour l’instant, je verrais plus tard…

-Je la sens plutôt mal sur ce coup-là.

-Tu as dit quelque chose ?

-Rien du tout !

-Alors rappelle-moi ce qu’on doit faire.

Daniel s’accroupit et étala un long parchemin devant lui. Il était barré en travers d’une longue ligne bleue et une cascade était vaguement dessinée à son extrême gauche. De l’autre côté on pouvait voir des montagnes et au milieu une forêt elle aussi traversée par une mince ligne bleue. Le tout dans un très mauvais état, avec des mots à moitié effacés et beaucoup de taches plus ou moins ragoutantes.

Mizuki eut un petit sourire narquois.

-Eh bah dis donc, il a quelques progrès à faire en dessin Sieur Hingels.

Daniel s’autorisa un demi-sourire.

-C’est vrai que c’est pas très ressemblant…

-Non, avoue que ça ne ressemble à rien ! Même un enfant de quatre ans aurait fait mieux. Encore que…

Il se mit à sourire franchement mais décida de ne pas répondre à cette pique sarcastique pour poursuivre ses explications.

-Donc, il a dit qu’après la cascade, il fallait suivre la berge ouest de la rivière et qu’une fois à l’intersection faite avec un ruisseau, il fallait longer celui-ci. Ensuite en suivant ce confluent on devrait arriver à un autre croisement et que la direction à suivre était indiqué par le Pic du Destin. Après il faut juste marcher dans sa direction jusqu’à tomber sur une clairière.

-Et qu’est-ce qui te pose problème ? C’est clair… Flou et vague mais clair.

-Le problème c’est que je n’arrive pas à trouver ce fameux ruisseau !

-Elle a quel âge cette carte ?

-Aucune idée…

-Parce que je dis ça comme ça mais ce ruisseau n’existe plus.

-Comment un ruisseau pourrait disparaître ? Ça ne peut pas s’en aller avec ses petites jambes !

-Non mais en cas de chaleur estivale il peut s’assécher.

-Et ?

-Et donc tu l’as raté ! Demi-tour !

-Tu aurais pu me le dire avant !

-Ingrat…

-Dis Mizuki ?

-Moui ?

Elle avait commencé à s’endormir bercée par le pas régulier de Daniel lorsque celui-ci entama une nouvelle conversation.

-Comment tu as su qu’il était asséché ce ruisseau ?

-Je suis une Norix de l’eau. Une Warixe même, je ressens donc ce qui est en rapport avec mon élément à plusieurs kilomètres alentours. Or à part cette rivière je n’ai rien détecté.

-C’est tout, dit Daniel d’une voix dessus.

-Ce n’est pas à la portée de tout le monde tu sais. Certaines Norix mettent des années pour développer cette compétence car elle demande beaucoup de concentration.

-Et comment tu as fais toi ?

-Je suis une Warixe, c’est tout.

-C’est quoi ?

-Plus tard Daniel, plus tard… Je suis fatiguée.

-Dors bien.

Mizuki s’endormit à cet instant et bientôt son sommeil fut agité par des rêves.

-Alors toujours en chemin ?

-Oh ! Bonjour Monsieur le shinigami. Que me vaut cette visite ?

-Je commençais à m’ennuyer. M’inquiéter aussi. Pourquoi mets-tu si longtemps ?

-Ce qui compte c’est d’arriver à son but, non ?

-Ton temps est limité. Ce monde n’est pas le tien et il commence progressivement à te détruire.

-Pardon ?!

-Tu as encore 3 lunes… fit la voix du shinigami en s’estompant.

-Trois lunes ?! Mais pour faire quoi ? Réponds-moi !

-Pour trouver ce qui manque à ta vie, pour trouver ce pour quoi tu es venue en ce monde….

-Mizuki ! Réveille-toi !

-Qu’est-ce qu’il y a ?

-Tu avais l’air de faire un cauchemar.

-Si seulement ce n’étais qu’un cauchemar.

-Pardon, tu as dit quelque chose ?

-Non rien poursuivons. On en est où ?

-J’ai trouvé le fameux ruisseau asséché. Du coup je cherche un endroit pour camper.

-Ah je vois… Le voyage ne s’annonce pas très passionnant. Je commence déjà à m’ennuyer.

-Profites-en. La partie du voyage qui est sympa s’arrêtera une fois arrivés à la clairière.

-Ah bon ?

-Oui les grottes ne contiennent pas que des gentils lutins…

cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles