• chapitre 4

    -J’ai peur de ne pas te comprendre. Je ne suis pas une Norix comme tu dis.

    -Bien sûr que si !

    -Mais je ne sais pas ce qu’est une Norix ! J’en ai marre ! Soit tu te décides à m’expliquer ce qui se passe soit je m’en vais pour de bon.

    -J’ai bien peur que tu ne sois pas en position de faire ça.

    -Ah bon, et pourquoi ça Monsieur le Phée ? Je suis bien curieuse.

    -Parce qu’elles sont déjà là… fit-il en reculant d’un pas, un air inquiet sur le visage. D’ailleurs, je crois qu’il est temps de m’en aller…

    -Quoi ?!

    Ayani regarda bouche bée le Phée remonter sur son corbeau en hâte.

    -Au fait, je m’appelle Xylin le Maraudeur ! Si tu as besoin d’aide vient voir les Chevaucheurs et demande moi !

    Et là-dessus le corbeau prit son envol et bientôt il ne fut plus qu’un point noir dans le ciel.

    -Eh bien ça pour une sortie express, c’était une sortie express ! Quel drôle de bonhomme… Je ne lui ai même pas dit mon nom… Et dire qu’après tout le tapage que j’ai fait il me propose son aide si j’en ai besoin.

    Elle secoua la tête d’un air désabusé puis les paroles de Xylin lui vinrent à l’esprit : « elles sont déjà là ». Alors comme ça, les Norix étaient sur place ? Sauf qu’elle avait beau tourner la tête dans tous les sens, impossible de distinguer quoi que ce soit hormis les futs des arbres et les buissons. En plus avec la petite taille qu’elle avait maintenant, ça n’arrangeait pas les choses. C’est fou comme quelques centimètres peuvent faire la différence ! Enfin même si dans son cas c’était plus dans l’ordre du mètre… Et c’était quoi une Norix au fait ?

    -Les Pixies de la Nuit, peut-être ?

    -Exact.

    Mais pourquoi est-ce que toutes les voix dans ce monde sortaient de nulle part ? Il n’y en a pas un ou une qui pourrait lui parler et la rencontrer normalement. Genre d’abord on voit la personne et ensuite on lui adresse la parole. Ça pourrait  être pas mal…

    -Euh, pourriez-vous vous montrer, s’il-vous-plaît ? Je n’aime pas parler dans le vide…

    Un silence s’étira comme si l’autre partie hésitait entre se montrer ou se cacher. Mais peu à peu une silhouette s’esquissa, venant de nulle part. C’était comme si toute la poussière s’élevait pour se condenser et s’assembler afin de former un être humain. Ou plutôt une Norix.

    La Norix avait un air sévère plaqué sur le visage comme si même sourire était une injure. Une cascade de cheveux verts foncés tombaient en boucles épaisses jusqu’à ses pieds et sa « robe » était constituée d’une suspension de grains de poussière en mouvement perpétuels. Le tout lui donnait un air mystérieux voire méchant. En fait plutôt le genre de personne qu’on préfère éviter tant qu’on le peut.

    -Où t’es-tu cachée pendant toutes ces années ? dit la Norix d’une voix glaciale.

    -Cachée ? On ne peut pas vraiment dire ça…

    La voix d’Ayani tremblait. Et elle était de plus en plus perdue. Stupide Shinigami. Pourquoi avait-il fallut qu’il l’envoie dans ce monde-là en particulier ?

    -Ah oui, fit l’inconnue pensivement. Eh bien nous débattrons de ça plus tard, suis-moi.

    -Désolée mais je ne vois vraiment pas pourquoi je ferais ça. On dit bien aux enfants de ne pas suivre les inconnus alors je me vois dans l’obligation de refuser.

    Le regard de la Norix se fit perplexe puis sévère.

    -Tu n’as pas le choix en fait.

    -Tout est une question de point de vue. J’en ai marre que l’on me répète sans arrêt la même chose. Je n’ai jamais eu le choix de toute ma vie alors pour une fois je vais faire ce qu’il me plait et je ne veux pas venir avec vous, donc tout est réglé. Bye bye.

    Mais tout à coup Ayani fut saisie à la gorge et soulevée de terre par une sorte de corde composée de poussière.

    -Argh !

    Suffoquant, Ayani essaya de se défaire de cet étau lui enserrant la gorge mais peine perdue : ces doigts glissaient et peu à peu ses forces décroissaient. Son champ de vision se rétrécit pour devenir complètement noir. Ayani s’était évanouie.

     

     

    Lorsqu’elle se réveilla, la nuit était déjà tombée. Ayani était allongée dans une pièce ayant la forme d’une grosse bulle transparente. Celle-ci filtrait la lumière de la lune qui avait une teinte bleuâtre.

    En fait Ayani n’était pas vraiment allongée sur un lit : elle flottait tout simplement dans la bulle. Ses cheveux s’élevaient en douces volutes autour de son visage et faisaient des vagues à chacun de ses mouvements. Et maintenant qu’elle y faisait attention elle distinguait nettement les rayons de lumière… exactement comme si elle était sous l’eau en fait !

    -Je ne peux pas être sous l’eau ! Je serais déjà morte sinon, dit Ayani ou plutôt tenta-t-elle de le dire.

    En effet à la place de sons, un chapelet de bulles s’était échappé de sa bouche.

    Nouvelle anomalie.

    Mais étonnamment être sous l’eau l’apaisait. Elle avait un peu l’impression d’être une sirène… Elle fit quelques mouvements de brasse pour se rapproche de la paroi et apprécia le sentiment de l’eau glissant le long de son corps. Se rapprochant de la vitre elle eut comme une sensation de déjà-vu. C’était comme cette nuit-là, dans l’immeuble : elle s’était rapprochée de la vitre, l’avait touchée du bout des doigts…

    -Ouuuaaah !

    Ayani massa ses fesse endolories et regarda d’où elle était tombée. La bulle était super haute ! Presque cinq fois sa taille !

    -Alors comme ça dès qu’on touche les parois, on sort de la bulle… Intéressant à savoir pour les prochaines fois.

    Pendant qu’elle réfléchissait sur les propriétés de la bulle, un cercle c’était formé autour d’elle. Comme les Pixies en fait sauf que ces « fées » là avaient l’ait nettement moins amical.

    Gênée elle constata qu’elle était nue et elle bafouilla un « bonsoir » en s’imaginant vêtue d’une tunique courte et d’un short.

    Mais les Norix continuaient à la fixer en silence… enfin non ce n’était pas elle qu’elles fixaient. C’était ses ailes ! Avec la nuit, ses ailes c’étaient de nouveau déployées et on voyait bien les symboles argentés miroiter à la lueur de la lune.

    -Ça suffit, le spectacle est terminé ! s’exclama une voix autoritaire.

    Aussitôt toutes les Norix se dispersèrent, les unes en courant les autres en voletant, pour laisser place à une silhouette majestueuse.

    -Bonjour jeune Norix, je crois que nous avons beaucoup à nous dire. Je me nomme Naïla. Suis-moi.

    Cette fois Ayani ne  pensa même pas protester, bien qu’elle ait dit ça gentiment, Naïla avait un regard froid, cruel et calculateur. En plus maintenant qu’elle était dans le village de Norix, elle ne pouvait plus faire grand-chose. Sauf peut-être rester en vie à tout prix parce qu’ils n’avaient pas l’air très sympa ici…

     

    Naïla les avait conduites dans un petit jardin isolé composé de fleurs entre lesquelles on pouvait marcher. Les plus petites arrivaient au moins aux épaules d’Ayani. Forcément.

    Elles s’assirent par terre en contemplant le ciel en silence mais très vite Naïla prit la parole.

    -Je suis la reine des Norix ici.

    Ayani sursauta et chercha à s’éloigner mais la reine l’en empêcha d’un coup d’œil.

    -Ici ça ne veut pas dire grand-chose, seulement que je suis la plus forte. Regarde mes ailes, tu vois les symboles qui y sont dessiné ?

    Ayani hocha la tête faiblement car effectivement les ailes de la reine avaient des symboles dorés qui se dessinaient et s’effaçaient en un cycle infini et toujours différent. En fait ils ressemblaient beaucoup à ceux qu’elle avait sur ses propres ailes.

    -Oui, c’est bien ce que tu penses. Ce sont les mêmes symboles. Seuls les Norix de guerre en ont.

    -Les Norix de guerre ?!

    -Oui elles sont appelées à des destins exceptionnels et bien souvent à régner.

    -Si c’est une blague, ce n’est pas très drôle… Je n’ai pas du tout ce genre d’ambition.

    La reine la dévisagea cruellement et lui asséna la vérité d’un seul coup :

    -Dans ce cas tu vas mourir. Tu es dangereuse pour nous autres. Une autre Norix de guerre met en péril tout l’équilibre de notre royaume.

    -Mais… tenta de protester Ayani.

    -Dans tous les cas tu seras la cible de méchanceté, de traitrises, d’assassinats car la vie des Norix est ainsi. Mais dans ton cas ce sera bien pire. Car tu es une future reine potentielle et pas la seule : il y a d’autres candidates.

    -Dans ce cas pas de problème, je m’en vais et ça ne posera pas de problèmes…

    -Tu es bien naïve petite. Le monde n’est pas aussi rose. Si tu veux vivre tu n’as pas d’autres choix que de rester ici et d’apprendre à maîtriser tes pouvoirs. Sinon tu ne survivras pas longtemps.

    -C’est un ultimatum ?

    -Oui.

    Ayani contempla le ciel étoilé en silence et essaya de relier les étoiles pour faire des dessins. Mais peine perdue, le poids qui pesait sur ses épaules était trop important. Les paroles du shinigami lui revinrent alors en mémoire : « si tu ne veux pas prendre le risque de vivre une vie plus dure et  difficile que celle-là, tu peux encore changer d’avis ». Sauf qu’elle avait choisi. Elle avait choisi de vivre ici et il lui fallait encore découvrir pour quoi elle vivait.

    -Je vivrais alors. Je vivrais et j’écraserais ceux et celles qui seront sur mon chemin. Je vivrais pour atteindre mon but, je vivrais pour savoir ce que c’est que vivre.

    -Alors bienvenue parmi les Norix de guerre. Tu vas rejoindre tes comparses dans un instant mais avant ça tu dois te choisir un nouveau nom : ton de nom de Norix de guerre. 

     

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    cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles