• chapitre 7

    C’est le changement de luminosité qui réveilla Mizuki. Le soleil s’étant brusquement couché, il faisait désormais sombre alors qu’avant la bulle n’était que lumière.

    -Je ne sais pas ce que je préfère... Lorsque c’est la lune ou lorsque c’est le soleil qui éclaire l’eau de ma bulle…

    De nouveau ses paroles avaient été transformées en chapelet de bulle mais elle n’y fit guère attention, plus concentrée sur ses muscles. Après tout ce qu’elle avait fait la veille, elle avait peur d’avoir plein de courbatures mais en fait non… Ses muscles étaient aussi détendus qu’après un  massage.

    La lumière se fit dans son esprit.

    -L’eau ! L’eau est plus confortable que le plus confortable des matelas ! Génial…

    Cette fois pour sortir sans tomber, Mizuki se dirigea vers le bas de sa bulle dans le but de sortir les pieds en premier mais une sorte de corde –d’eau évidemment – apparu et elle n’eut plus qu’à glisser le long de celle-ci.

    Une fois à terre, Mizuki décida de passer faire un petit tour à la bibliothèque pour voir ce qu’elle pourrait dénicher d’intéressant ; mais avant ça, un petit changement s’imposait ! Pour aller avec sa bonne humeur, elle opta pour une robe courte d’un style très aérien mettant en valeur ses ailes car bien décolletée dans le dos.  Mais c’est pieds nus qu’elle se dirigea vers la bibliothèque. En effet, avec sa nouvelle technique, plus de soucis de chaussures !

    Elle se dirigea gaiement vers le centre du village, consciente des regards qui pesaient sur elle – forcément elle était l’attraction du moment – mais s’en fichant totalement. Qu’ils soient curieux si ça leur chantait !

    Pour la deuxième fois depuis son arrivée, elle pénétra dans la vaste bibliothèque. Les parois de la bulle était opaque mais laissaient quand même passer la lumière, comme des vitres teintées en fait. De longues étagères en bois sombres abritaient des volumes plus ou moins lourds rangés dans différentes sections. A priori tout était bien trié mais on ne savait jamais… Elle se dirigea vers la même section que la veille : celle consacrée entièrement à la magie, et parcourra rapidement les titres du regard. Adapter sa magie à son environnement, Les lieux de pouvoirs, Ressourcer sa magie, Histoire de la magie, ah voilà ! Le vol de A à Z !

    Mizuki se mit sur la pointe des pieds pour atteindre l’ouvrage désiré et se dépêcha de l’ouvrir tout en se dirigeant vers le coin lecture le plus proche. Elle commença à lire en diagonale l’introduction puis passa directement au premier chapitre. Rapidement elle se rendit compte que ce livre était surtout fait pour appliquer ce qui était conseillé en même temps qu’on le lisait.

    -Pfff, je me demande si on peut l’emprunter et l’emmener à l’extérieur… Je me vois mal apprendre à voler sur le toit…

    Alors qu’elle pensait à voix haute, une autre voix s’éleva dans son dos :

    -Avant d’apprendre à voler, tu ferais mieux de te dépêcher d’aller en cours ! Madame Aïli est intraitable sur les retardataires.

    Mizuki se retourna et jeta un coup d’œil à la personne qui venait de lui parler. Une jeune fille de son âge se tenant très droite, un paquet de livres sous le bras, lui souriait. Ses cheveux argentés se soulevaient sans qu’il n’y ait le moindre souffle d’air et sa robe en voile fin laissait apparaître toutes ses formes ou presque. Slitia. C’était une Warixe participant aux mêmes cours que Mizuki.

    -Ah salut. Merci du conseil.

    Mizuki s’était levée pour la saluer et se balançait d’avant en arrière sans trop savoir quoi faire.

    -Tu es bien plus timide que ce que je pensais ! Allez viens, l’enjoignit gaiement Slitia.

    -Mais… Hier…

    -T’inquiètes, quand on est arrivée en cours on a toutes fait ce genre de présentation ! Mais ça ne nous empêche pas de nous parler.

    La bonne humeur et l’air affable de Slitia permit à Mizuki de se sentir un peu plus à l’aise mais elle ne baissa pas sa garde.

    -Au fait, on peut emmener des livres à l’extérieur ?

    -Bien sûr ! Tu peux les garder aussi longtemps que tu veux mais au bout d’un moment ils rentrent tout seul à leur place.

    -Ils rentrent ?!

    -Bien sûr ! Comme ça quelqu’un d’autre peut profiter des connaissances contenues dans ce livre.

    -Ah je vois, fit Mizuki, pas totalement convaincue.

    -Bon on y va maintenant, oui ou non ? Parce qu’on va vraiment finir par être en retard.

    Et Slitia s’éloigna à petits pas pressés sans attendre la réponse de Mizuki, ce qui l’obligea à courir pour la rattraper.

    -Au fait Madame… euh…

    -Madame Aïli ?

    -Oui c’est ça, Madame Aïli, qu’est-ce qu’elle enseigne ?

    -Tu n’es pas au courant ? On ne t’a pas distribué d’emploi du temps ou de liste des matières ?

    -Non pas vraiment…

    -Alors viens au bureau de la bibliothèque : on l’appelle familièrement le B3, c’est ici que les élèves viennent lorsqu’ils ont des questions ou des renseignements à prendre. Là-bas, ils te fourniront ce qu’il faut pour les cours.

    -D’accord.

    Les deux jeunes filles rebroussèrent donc chemin et prirent une sorte de contrallée avant de monter des escaliers formés de lierre torsadé. Slitia reprit la conversation naturellement tout en guidant Mizuki parmi les rangées de livres.

    -Et donc, pour répondre à ta question initiale, Madame Aïli est prof de vol.

    -De vol ? Elle vous apprend à voler ?

    -Oui et non. En fait, on sait voler depuis l’enfance mais elle, elle nous apprend à voler selon les différentes conditions météorologiques. Et puis elle nous enseigne aussi tout ce qui a un rapport de près ou de loin avec nos ailes.

    Elle s’interrompit en arrivant devant une porte :

    -Voilà le B3. Je t’attends à l’extérieur.

    -D’accord merci.

     

    Mizuki pénétra dans le B3 comme il était appelé. La pièce était encombrée de piles de livres et de papiers et une petite Norix – à peine vingt centimètres – farfouillait un peu partout, sûrement à la recherche d’une info particulière. Elle donnait le tournis à force de la regarder.

    Mizuki fit quelques pas et interpella cette drôle de Norix d’une vois hésitante :

    -Euh… Excusez-moi ? J’aurais besoin…

    Dès qu’elle entendit sa voix, l’archiviste – comment l’appeler autrement ? – se retourna vers elle brusquement mais tapa de son coude une pile en équilibre très très instable… Celle-ci oscilla et avant que Mizuki ne puisse prévenir l’infortunée victime, la pile s’écroula sur elle !

    -Euh… Vous allez bien ? Toujours en vie ?

    -Aidez-moi donc au lieu de bavasser inutilement, s’exclama une voix fluette d’un ton passablement énervé.

    Aussitôt Mizuki se précipita pour l’aider à se dégager, se demandant sur quelle hurluberlue elle était encore tombée.

     

    -Et donc, qu’est-ce que vous me voulez ? lui demanda l’archiviste une fois qu’elle fut dégagée.

    -Eh bien, j’aimerais bien avoir la liste de mes cours, de mes profs et le matériel scolaire…

    -Ah je vois ! Vous êtes la nouvelle Warixe arrivée récemment !

    -Oui c’est ça.

    -Je vous attendais beaucoup plus tôt !

    -On ne m’avait pas prévenue…

    -Bon alors j’avais tout préparé pour vous, c’est une pile tout près de mon bureau…

    Il y avait un bureau ? Mizuki n’en voyait pas l’ombre d’un coin… Il faudrait que quelqu’un apprenne un jour à cette bonne femme le sens du mot « rangement »…

     

    Un quart d’heure plus tard, Mizuki sortit du B3, une pile de livres et de papiers sous le bras, le tout en équilibre assez instable.

    Slitia l’attendait toujours dehors et rigola en voyant à quel point elle était encombrée :

    -Haha ! Je m’attendais à un truc du genre mais c’est encore pire que ce que j’imaginais !

    -Mais qu’est-ce que je vais faire de tout ça ? Je ne peux pas emmener tout ce bazar en cours… Je vais devoir repasser par ma bulle…

    -Et les cours ? Tu vas arriver en retard… la prof te tuera !

    -Alors je vais sécher. De toute façon je ne sais même pas voler alors ses cours me sont un peu inutiles...

    -Tu ne sais pas voler ?!

    Mince… Je n’aurais jamais dû dire ça… J’ai baissé ma garde.

    -Bon allez j’y vais, à la prochaine !

    Et Mizuki s’en alla sans plus tarder, en essayant de ne rien faire tomber.

    Si elle s’était retournée, elle aurait vu le sourire mauvais qui étirait les lèvres de Slitia. Le sourire d’un prédateur qui a trouvé sa proie et la traquera jusqu’au bout. 

     

     chapitre suivant 

    cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles