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Blog contenant des histoires inventées et des poèmes

chapitre 1

 

Toi qui dans la nuit me cherches des yeux, toi qui jamais d’un doute n’est effleurée, te rends-tu compte de la grandeur de ton âme ? J’ai longtemps cherché un moyen de te décrire, un moyen de te découvrir. Mais chaque matin tu t’évanouis et me laisse seul dans la lumière de l’aube. Tu reviens, et quand enfin mes doigts effleurent tes cheveux de soie, j’entrevois un nouvel aspect de toi. Belle de mes nuits, Belle de mon cœur, Veilleuse de mes rêves, tu hantes mes jours et ensorcelles ma vie. D’un regard tu fais retomber mes doigts et je maudis l’heure des au-revoir, je maudis ce Dieu cruel qui joue à nous séparer tous les matins.

 

Ma main tendrement effleure la fine feuille de papier … J’aimerais pouvoir éternellement lire ces mots. Ils me sont venus dans mon sommeil comme s’ils appartenaient à un autre monde. C’est un miracle que je m’en souvienne … Comme si je les avais déjà lu et appris dans un autre temps.

 

-Viviane !

-Quoi ?!

-Tu ferais mieux de descendre rapidement ou tu vas finir par être en retard !

Mince ! Déjà 7h15 ! Je jette un coup d’œil à ma tenue : j’ai juste mis le bas de mon uniforme et enfilé une petite chemisette, je ne suis même pas encore habillée et il ne me reste que quelques minutes pour tout terminer ! D’un coup je ne me souviens plus où sont ma cravate, mes cahiers ; la pièce tourne, ma vue bascule et je me sens aspirée hors de moi. C’est comme si une paire d’aile m’était apparue dans le dos et qu’elle me poussait vers les cieux. Je ne suis plus moi-même et en suis réduite à m’observer m’habiller, me maquiller. Je ne suis plus que spectatrice de ma propre vie … C’est assez bizarre et je commence à me demander si je ne continue pas à rêver.

 

-Eh oh ! Moi-même !

Tiens elle ne m’entend pas, je suppose que c’est comme une projection astrale …  J’ai lu ça dans un bouquin il n’y a pas longtemps. Je me dirige vers la sortie quand bing ! Je me tape contre une barrière invisible. Je suis à trois mètres de la Viviane réelle. Je suis donc contrainte de la suivre pas à pas.

 

-Tiens ton déjeuner, dit ma mère en tendant un bento à mon moi-qui-n’est-pas-vraiment-moi, et prends ça pour ton petit déjeuner.

Elle a longtemps vécu au Japon et du coup elle a conservé certaines vieilles habitudes. L’avantage c’est que je parle Japonais couramment et que j’ai des délicieux déjeuners tous les jours ! Quand je pense à ce que mes camarades de classes sont obligés de manger ça me fait sourire.

 

Mon corps réel est en train de se diriger tranquillement vers l’arrêt de bus quand il passe devant moi en trombes ! Je me retrouve de nouveau dans mon corps au moment où il faut que je me tape un sprint pour ne pas le rater, j’ai vraiment pas de bol ce matin. Je sens mon cœur battre plus fort, mes pieds frappent le sol avec régularité, la porte est en train de se refermer, ouf ! Je suis dedans.

 

-C’était juste mamzelle.

-Ouep, heureusement qu’un gentil conducteur m’a attendue, je réponds en accentuant le « i » du gentil.

Mais il hausse juste les épaules … Soit il ne comprend pas le sarcasme soit il doit être blasé à force de voir des centaines de lycéennes courir pour attraper le bus. Ce qui me parait le plus probable.

Je tourne la tête pour l’apercevoir –il est toujours à la même place tous les matins- et au moment où nos yeux se croisent…

 

Tu tournes la tête vers moi et la lune éclaire ton profil d’une lumière magique. Jamais je ne me lasserais de cette vision, et elle hantera toujours mes jours. La fenêtre laisse passer une lumière opalescente qui fait paraitre tes cheveux plus pales encore. Le bleu de tes yeux luit d’une lumière intérieure, ils brulent d’une flamme inaltérable. Ta beauté me semble irréelle et pourtant je suis le seul qui te voit ainsi. Le regard des autres glissent sur toi jusqu’au jour où ils ont vraiment besoin de toi. Mais tout cela ne compte pas pour toi et de nouveau je suis aspirée dans les fenêtres de ton âme que sont tes yeux. Cette âme si torturée… par cette douleur qu’aucun être humain ne pourrait imaginer ni même ressentir. Ton fardeau est lourd, si lourd à accepter. Nous sommes si semblables et pourtant nous sommes les opposés parfaits. Seule la nuit nous rapproche et nous délivre tous deux de notre terrible secret.

 

-Viviane, tu m’écoutes ? La voix de Corentin me ramène à la réalité.

-Pardon … Je … J’ai fait un rêve étrange.

-Comme toujours ! Tu pourrais faire un livre avec tes rêves bizarres ! Rappelle-moi, la dernière fois tu as rêvé que tu félicitais des poussins parce qu’il poussait leurs œufs dans ton panier, non ?

Comme toujours une question qui n’admet pas de réponse, j’y peux rien moi si même la nuit ma tête n’arrête pas de réfléchir.

-Enfin mange ton petit dej’ avant de me raconter ça, tu es blanche comme un linge.

Je croque dans ma pomme (c’est ce que je mange le matin : une belle Tentation bien croquante) et enchaine : « Au fait Cor- ». Je ne termine pas ma phrase et je ne la terminerais jamais. Si j’avais su ce qui allait arriver, ce qui bouleverserait mon monde à jamais… Je lui aurais au moins dit une fois à quel point je tenais à lui.

 

Mais tout ce que je vois et ressent c’est un brasier énorme précédé d’un bruit d’explosion. Je ne pense plus à rien et avant que ma vision ne s’obscurcisse je revois une image, un léger souvenir datant du moment où je suis rentrée dans le bus. C’est étonnamment précis : un homme qui cache sous son blouson une télécommande. On croirait lire dans ses yeux un désespoir profond supplanté par une lueur de folie.

 

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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles

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