Blog contenant des histoires inventées et des poèmes
Deux hommes sont assis côte à côte devant une table en fer. L’un a la trentaine, c’est celui qui vient de rire, et le deuxième est un peu plus âgé. Cinquante au plus, mais pas moins de quarante ans. Un autre garde est debout à côté de la porte.
Je ne sais même pas pourquoi ces deux hommes sont là et personne ne peut me renseigner.
-Je suppose que vous n’allez pas gentiment me dire pourquoi vous êtes là ?
Ils me sourient tous les deux en silence. Il va falloir que je m’impose.
-Séparez-vous. Je veux que vous soyez chacun à un bout de la table.
-Tu crois vraiment qu’on va faire ce que tu veux fillette ?
Je me dirige vers celui qui a parlé, la grande gueule de service, le chope par la peau du cou et appuie sur un point de compression.
-Aïe ! Mais t’es complètement tarée !
J’appuie plus fort et plus longtemps.
-Tu as de la chance, d’habitude je fais ça avec une balle dans la clavicule. Ça te démet l’épaule mais tu n’en meurs pas. Alors soit tu bouges ton petit cul soit je demande au garde de me rendre ce service. Et je ne rigole pas, je ne suis pas d’humeur à faire des cadeaux.
Il me lance un regard terrifié et je m’écarte pour qu’il se déplace. A présent les deux hommes sont face à face et ils ne sourient plus. La grande gueule se masse le cou en grommelant dans sa barbe.
-Quelque chose à dire la grande gueule ?
Il secoue la tête et pose les mains sur la table. J’esquisse un petit sourire satisfait. Le garde n’a toujours pas bougé mais j’ai une ou deux questions à lui poser.
Je me hisse sur la pointe des pieds et lui se penche pour entendre ce que j’ai à lui dire.
-Est-ce qu’ils ont mangés ce midi ? je murmure.
Il me fait un signe de dénégation.
-Depuis combien de temps ils sont là ?
Cette fois il me répond à voix basse :
-Je dirais depuis sept heures mais moi je ne suis là que depuis une heure.
Ce qui explique pourquoi le chef de la mafia est parti si vite ce matin. D’ailleurs en parlant du loup, j’ai quelques explications à lui demander.
Je prends mon portable et vérifie le réseau. Toutes les barres super, je ne pensais pas que sous terre j’en aurais. Je cherche le numéro de « papa » et attends qu’il réponde. Trois sonneries plus tard il décroche.
-Et après c’est moi qui suis lente ?
-Je te ferais remarquer que d’habitude c’est moi qui téléphone, pas l’inverse.
-Comme je vous plains, je le raille.
-Attention Kalista-chan, surveille tes paroles !
-De un vous êtes au téléphone, je ne risque donc rien…
Il m’interrompt.
-Pour l’instant.
-Pour l’instant si ça vous amuse mais justement ! Maintenant qu’on en parle, je suis devant deux pauvres mecs que je suis censée interroger. Et ils sont censés me dire quoi ?
-Ils ont essayé de nous gruger dans un deal, sauf qu’ils ont planqués l’argent et on veut le récupérer.
-Vous êtes des minables. Franchement.
-Je te ferais remarquer qu’à présent tu en fais aussi partie de ces « minables » comme tu dis.
-Oui, oui… Et vous les interroger depuis ce matin ? C’est vraiment de l’incompétence…
-C’est pour ça qu’on a besoin de toi…
-Comme c’est plaisant à attendre !
Je souris.
-Bon au lieu d’être sarcastique tu t’y mets ?
-J’ai le droit au châtiment corporel ?
-Bien sûr que non !
-Dommage ça marche bien ! En plus il faut que j’aille au boulot à 17 heures.
-C’est ton problème.
-Et j’ai faim !
-Tu as de quoi noter ?
-Oui.
Je prends un de mes cahiers et note le numéro qu’il me dicte.
-C’est le numéro de la réceptionniste, demande lui ce dont tu as besoin.
Et encore une fois il me raccroche au nez. Tout ça pour avoir le dernier mot, j’en suis sûre ! C’est un peu gamin quand même…
Je compose le numéro qu’il m’a donné et demande une chaise et un gros paquet de chips. C’est alors que je reçois un texto :
Le plus jeune c’est M. Yamamoto et l’autre M. Grosert
Je réponds rapidement : « Merci ».
Les deux accusés ne m’ont pas quitté des yeux tout au long de ces échanges.
Je suis à présent assise en tailleurs sur une chaise à roulette, l’ordi portable allumé devant moi et mon paquet de chips entre les jambes. Je grignote en faisant semblant de lire quelque chose sur mon ordi. En fait l’écran est vide, mais ça seul le garde derrière moi peut le savoir. Ce laps de temps me permet de me restaurer et d’observer discrètement les deux hommes. Ainsi que de leur mettre l’eau à la bouche aussi, rien de mieux que la faim pour faire parler rapidement. Je pense que celui qui cassera le plus facilement, psychologiquement parlant, sera le jeune. Il faut donc que je me serve de lui pour faire avouer l’autre. C’est alors que la porte s’ouvre sur Otenmaru.
-Ah tiens, on a de la compagnie. Bienvenue M. le Chef !
-Tu n’as pas encore commencé ??
Je sens du désappointement dans sa voix.
-Mon travail, mes méthodes. D’ailleurs je préfèrerais que vous attendiez derrière le miroir teinté.
Il sort en maugréant et quelques minutes plus tard un panneau coulisse dévoilant effectivement un miroir teinté. Mes deux hommes commencent à se tortiller nerveusement sur leur siège. Parfait. Je grignote la dernière chips et chiffonne le paquet. Je le jette ensuite contre le miroir en faisant une grimace narquoise. Il me reste une heure si je ne veux pas être en retard.
-Bon allons-y M. Yamamoto. Vous savez de quoi vous êtes accusé je suppose ? Comme vous allez me dire que non, je vais vous le dire : vous avez piqué de l’argent à la mafia et ça c’est très vilain.
Je tape quelques mots sur mon clavier puis tourne l’écran afin qu’il puisse le voir mais pas son complice. Il blanchit d’un seul coup et son complice me regarde maintenant l’air inquiet.
-Vous savez ce que ça signifie bien sûr ? Mais j’ai pire…
De nouveau je retape quelque chose et le lui remontre. Un filet de transpiration coule le long de ses tempes et ses mains tremblent. M. Grosert prend alors la parole :
-Ce n’est pas la peine d’essayer de me torturer comme ça ! A tous les coups vous n’avez pas de preuve concrète !
-En êtes-vous si sûr ? C’est fou ce qu’on peut faire avec un ordi…
Je récupère le pc et me met à taper sur mon clavier tout en parlant.
-Vous savez, il suffit que j’aille dans ce petit logiciel. Voilààà… Ensuite je pénètre sur la toile et je recherche les informations que je veux. Ensuite je me connecte sur le site du gouvernement, pratique d’avoir le mot de passe, non ? Et me voilà sur la fiche de M. Yamamoto. J’ai même accès à son casier judiciaire !
Je tourne ensuite l’ordi vers lui et il se recule d’un bond.
-Je… tente-t-il.
-Silence ! Prendre votre défense est inutile !
-Mais…
-C’est qu’il insiste en plus ! Comment pouvez-vous encore me faire croire que vous n’avez rien fait ? Tout est là… maintenant je veux des aveux ! Sinon je dévoilerais toutes ces informations à votre famille ! Votre femme sera ravie d’apprendre qu’elle a épousé un violeur doublé d’un assassin, non ? Et franchement la pédophilie c’est vraiment moche si vous voulez mon avis…
Je fais une petite pause.
-C’est une blague ? Tu as vraiment fait ça Yuki… Je croyais que tu étais un bon père de famille !
M. Grosert se prend la tête entre les mains et j’attends la suite.
-J’ai vu ta petite fille, elle a douze ans ! Et tu aurais fait ça à une autre gamine de son âge ?
-Je…
-Tu essayes de nouveau de te défendre ? Comme c’est pitoyable… En tant qu’homme tu devrais savoir ou t’arrêter.
J’ai aboyé plus que je n’ai parlé. Et avant que Yamamoto ne reprenne ses esprits j’enchaine en me penchant vers lui.
-Mais tu sais, il suffit que tu me dises où tu as planqué l’argent et je supprimerais toutes ces preuves. Tu ne seras mis en danger par aucun procès ou alors tes opposants le perdront… On a un deal ?
-Arrêtez, me coupe M. Grosert.
Je me tourne vers lui, intéressée.
-Ça fait des années que je connais Yuki. Je ne pensais pas qu’il était comme ça… Et malgré notre amitié, je préfère qu’il aille en taule pour ses actes. Si je me mets du côté de la mafia, au moins je ne serais pas entrainé dans sa chute.
Yes ! Bingo ! Il poursuit d’une seule traite :
-On a caché le magot sous l’autel de l’Eglise Santa Maria au nord de la ville.
Je reçois alors un appel d’Otenmaru :
-On a des hommes sur place, c’est une des zones que nous contrôlons. Attends juste deux minutes qu’on vérifie.
Je coince le téléphone entre mon oreille et mon épaule et commence à ranger mon ordinateur. Je le remets dans mon sac et m’assois sur ma chaise pour patienter lorsqu’Otenmaru me confirme qu’effectivement l’argent a bien été planqué là-bas.
Je raccroche le téléphone très satisfaite de moi.
-Bon bah les amis je m’en vais.
Je me lève en souriant.
-M. Yamamoto ?
Il tourne la tête vers moi.
-Vous pouvez vomir dans un coin si vous le souhaitez.
Ce qu’il s’empresse de faire.
Je sors alors en faisant un petit clin d’œil au garde qui ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire. M. Grosert me regarde sortir tournant la tête vers moi, puis vers son cher Yuki en se demandant ce qu’il se passe.
Je longe le couloir dans le sens inverse et regarde ma montre. Pile à temps ! J’appelle l’ascenseur et une fois au ré de chaussé, j’aperçois Otenmaru qui se dirige dans ma direction.
-Kalista-chan, comment as-tu fais en si peu de temps ?
-C’est fou le nombre d’images immondes que l’on peut trouver sur le net… ça ferait changer de couleur n’importe qui !
-Hein ?
-Mon travail, mes méthodes. Ce ne serait pas drôle si je vous donnais tous mes trucs ! Mais vous pouvez demander au garde qui était en faction !
Et je le plante sur place. Je sors dans la rue et m’étire en profitant du soleil. Ma voiture m’attend et je m’engouffre dedans.
-Il faut que je sois à mon petit-boulot sans plus tarder ! Je suppose que vous savez où c’est ?
-Bien sûr !
Je me laisse aller contre les sièges en cuir et souris de mon idée. Je m’en resservirais.
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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles