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Blog contenant des histoires inventées et des poèmes

chapitre 10

Lorsque Mizuki ouvrit les yeux, les évènements de la veille lui revinrent brusquement. Autour d’elle la chambre en bois tendre était illuminée de la chaude lumière du crépuscule. Le brun clair cédait peu à peu la place au rose pâle et elle resta longtemps à regarder ce jeu de couleurs avant de se lever. La couverture glissa alors et en rougissant elle se rappela qu’elle était sortie de la salle de bain seulement vêtue d’une serviette. Elle imagina à la hâte une robe longue mais un rire moqueur s’éleva dans son dos.

-Tu sais pas besoin d’être aussi pudique… J’ai déjà tout vu hier soir !

-Tu connais la délicatesse ? demanda Mizuki en se retournant avec un air faussement fâché.

-Tu oserais insinuer qu’un prince n’est pas délicat ? rétorqua Xylin dans le même registre.

-Euh laisse-moi réfléchir… Oui !

Ils échangèrent un regard de connivence et leurs yeux pétillaient de la même malice.

-Au fait Mizuki, j’ai obtenu l’autorisation que tu puisses rester ici un brin.

-Sérieux ? Super ! J’ai toujours rêvé d’habiter un arbre… Non sans rire, pourquoi auraient-ils acceptés ? Et pourquoi moi je voudrais rester ?

-Comme je suis gentil, je vais répondre à tes trois questions puis on ira manger. Toi tu n’as peut-être pas faim mais avec tous ces pourparlers je n’ai  toujours pas mangé !

-Pardon… je ne voulais pas me montrer ingrate non plus.

-Tu es toute pardonnée. Alors oui c’est sérieux. Ils ont bien acceptés mais sous certaines conditions : tu n’as pas le droit de sortir dehors sans moi, tu ne peux te promener dans l’arbre qu’accompagnée de moi ou de gardes, et bien sûr il y a des restrictions sur ta magie. Sinon tu peux aller partout ! Et je pense que tu vas rester parce que tu n’as pas l’air de te plaire chez les Norix.

-Sur ce dernier point tu n’as pas tords. En tout cas que de règles ! J’ai de la chance d’avoir le droit de respirer…

-Arrête de faire ta mauvaise langue, c’est d’un  déprimant… On va manger ?

-Je te suis !

 

Xylin guidait Mizuki vers les cuisines et cette fois elle pouvait contempler l’intérieur de l’arbre autant qu’elle le voulait. Les entrelacs de branches la fascinait particulièrement : des escaliers se tortillaient le long du tronc creux et de longs ponts suspendus permettaient de rejoindre des nacelles qui tenaient on ne sait comment.

Xylin suivit son regard admiratif et répondit à sa question muette :

-L’arbre est toujours vivant, c’est pour ça qu’aucune structure ne tombe.

Intégrant cette réponse Mizuki continua son observation. Ce n’est que lorsqu’elle buta contre une racine qu’elle se décida d’arrêter de marcher le nez en l’air.

Bientôt elle aurait pu rejoindre les cuisines toute seule rien qu’en se guidant aux bonnes odeurs. Son ventre émis alors un gargouillis peu gracieux qui fit écho à celui de Xylin.

-Et si on pressait un peu le pas ? Je vais mourir d’inanition !

 

 

Assise au sommet de l’arbre qui servait de village aux Phées, Mizuki contemplait la neige tomber en lourds flocons. Cela faisait maintenant plus d’une année qu’elle était chez eux. En fait, c’était son deuxième hiver ici. Les Phées s’étaient peu à peu habitués à elle et voyant qu’elle ne faisait pas de mal à une mouches, ils abandonnèrent très vite toutes les règles qu’ils avaient mises en place à son arrivée. Au début elle n’était pas à l’aise dans ce monde entièrement végétal mais la présence de Xylin l’avait empêchée de partir. Il était si gentil… Toujours là quand elle avait besoin d’aide, quand elle se sentait un peu déprimée ou nostalgique. Mais sa seule présence ne lui suffisait plus. Elle avait apprécié ces longues lunes avec lui, sa présence était un baume relaxant et elle avait cru peu à peu reboucher le trou de son cœur. Leur amour était tendre, sucré comme un bonbon mais il manquait la passion des jeunes amoureux. Le désir ardent de l’autre, la sensation de vide sans l’autre.

-Encore en train de rêvasser ?

Xylin s’assit à côté d’elle et elle posa sa tête contre son épaule rassurante. Il passa un bras protecteur autour de sa taille et ils contemplèrent un moment la neige tomber. En silence. Chacun dans sa bulle et pourtant connecté l’un à l’autre. C’est Mizuki qui brisa le silence.

-Je vais partir.

Un silence peiné s’ensuivit. Encore.

-Je ne peux pas te retenir ?

On sentait la pointe de désespoir dans la voix de Xylin, mais aussi le fatalisme.

-Non tu ne peux pas. Il est temps.

-Je savais que ça arriverait mais je pensais qu’avec mon amour, notre amour, je te convaincrais de rester.

-Je t’aime vraiment Xylin, mais ça ne me suffit plus. Je n’arrive pas à voir le bout de notre histoire…

-A ce point-là ? C’est cruel de dire ça…

-C’est la vie qui est cruelle. De toute façon, jamais ils ne m’auraient accepté en tant que ton épouse.

-Mais ils t’ont accepté depuis longtemps !

-Seulement au sein de votre société. Il y en a beaucoup qui au fond de leurs cœurs se disent que je ne suis pas faite pour toi.

Les deux amants se levèrent, s’étreignirent une dernière fois, échangèrent un dernier baiser puis Mizuki déploya ses ailes et fit quelques pas.

-Merci pour tout Xylin. Tu m’as aidée dans...

-Ta quête ? Rechercher ce qui vaut la peine de vivre ?

Mizuki hocha faiblement la tête puis se détourna et sauta dans le vide de peur de ne plus pouvoir repartir. C’était un adieu et non un au-revoir. Peut-être se recroiseraient-ils ? Mais elle ne le souhaitait pas.

 

Elle prit un courant ascendant et s’éleva en douces volutes. Son visage était baigné de larmes. Pourquoi avait-elle si mal ? Pourtant elle était sûre que c’était le bon choix… mais certains choix font mal même si nous savons que ce sont les bons. Le temps efface toutes les blessures… Cependant jamais elle n’oubliera ces doux moments passés avec Xylin, il faisait partie d’elle comme elle faisait partie de lui. Mais maintenant il faisait également partie de son passé.

Les mêmes réflexions agitaient l’esprit de Xylin et les mêmes larmes coulaient le long de ses joues. Pourtant à son désespoir se mêlait un sentiment d’échec : celui de ne pas avoir su la retenir près de lui. Il fixa pendant longtemps le petit point qu’elle formait dans le ciel enneigé et même lorsqu’elle eut disparu de son champ de vision il resta debout à pleurer, mettant de côté sa fierté de prince pour n’être plus qu’un homme dont le cœur est brisé.

 

Et les images viennent toutes seules. Elles forment une rivière impétueuse et chacun choisit de se noyer dedans une dernière fois. Ils choisissent une dernière fois de ne faire plus qu’un avant de se séparer pour toujours.

« Elle est assise en tailleurs dans un gros fauteuil confortable. Le livre est ouvert entre ses jambes et pourtant elle ne lit pas. Son regard est perdu entre deux mondes… Soudain elle l’aperçoit et un sourire illumine son visage. Il oublie ce qui le préoccupait et est heureux que cette femme l’aime.»

« Il est assis sur son trône dans la salle des audiences et écoute son père lui enseigner les ficelles de la politique. Elle est obligée de l’observer dans l’ombre et même si elle ne le voit pas très bien elle devine sa petite moue ennuyée et sait à quel point il a hâte de la rejoindre. Puis il tourne son visage vers elle. Comme toujours il sait où elle est. Son cœur se réchauffe et elle est heureuse de pouvoir rester auprès de lui. »

« Il se réveille au milieu de la nuit. Mizuki dort paisiblement à ses côtés : sa respiration est lente et il essaye d’imaginer à quoi elle rêve. Il effleure ses lèvres d’un baiser et se recouche. »

« Ils courent ensemble comme des enfants le longs des couloirs en criant et rigolant. D’autres jeunes les poursuivent amusés par cette distraction inhabituelle. Les adultes bougonnent en disant que ces jeux ne sont plus de leur âge et les anciens sourient devant l’amour qui illumine le visage des deux jeunes gens. »

«La joie d’être ensemble. »

« Le bonheur d’être auprès de l’être aimé. »

« La douleur de voir l’autre s’éloigner. Le réconfort de le retrouver. »

« La désespoir de le perdre. Définitivement. »

 

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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles

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