Blog contenant des histoires inventées et des poèmes
Il s’envola alors dans un bruissement d’ailes me laissant seule. Seule avec mes pensées et avec mes inquiétudes. Et surtout avec des questions sans réponses. Ce qu’il déteste en moi, c’est surtout ce que je concrétise. Ce n’est pas ma personne qui le révulse mais le fait que je puisse donner le bonheur aux gens. Mais ça fait toujours aussi mal car ce n’est qu’une maigre consolation. J’ai lu tellement d’histoire où les deux héros n’avaient pas le droit de s’aimer, genre avec le méchant vampire et la gentille humaine. Mais là ce n’est même pas ça ! Il ne veut juste pas aimer quelqu’un qui rend les gens heureux, et qui peut voir son propre désarroi intérieur. Est-ce que ma souffrance le rend heureux ?
Ainsi assise à mon fauteuil, je finis par m’endormir.
« Nos ailes battent à l’unisson dans la nuit. Plumes noires sur plumes noires. Seule la nuit peut nous réunir ainsi, seule son obscurité transforme le blanc en noir. Elle seule nous permet de nous camoufler de l’œil divin qui durant le jour pose son regard inquisiteur sur nous. Mes doigts effleurent les tiens tendrement. Un geste si facile, si rempli d’amour. Seulement une fois que l’astre du jour dardera ses rayons sur nous, cela nous deviendra impossible. Ô, toi mon bel amant. Lentement nos corps se rapprochent, et tes yeux plongent dans les miens. Je lève la tête et tu baisses la tienne. L’horizon se teinte alors d’une couleur rose. Le jour se lève. »
-Noooon !
Je sanglote dans mon fauteuil. Les larmes roulent sur mes joues et tombent sur le vieux cuir abimé par les ans. Des larmes irrépressibles, des sanglots ininterrompus. Pourquoi me fait-on miroiter un tel avenir ? Comme à un enfant à qui l’on tend un bonbon, pour le manger devant ses yeux. Aussitôt qu’une étincelle d’espoir s’allume dans mon cœur, Dieu s’amuse à l’éteindre d’un souffle.
Je me lève, j’ai les jambes toutes engourdies d’être restée pendant ces longues heures assises dans mon fauteuil. Enfin, au moins je suis en forme.
Je quitte la pièce sans un regard pour ce qu’elle recèle, et descend lentement l’escalier. Quelle heure est-il ? Je baille et m’étire longuement. Surement la fin de l’après-midi et donc des cours. J’essuie mes larmes et tire sur mes joues. Je suis de nouveau la Viviane joyeuse.
-Viviane !
Elisa m’attend au bout du couloir et se précipite dans mes bras.
-Elisa !
-Je t’ai attendu un quart d’heure !
Oups !
-Désolée je me suis endormie…
Je détourne les yeux, un peu gênée.
-Non ? Tu rigoles ? A ton âge tu fais encore la sieste ?
Elle éclate de rire, à mon grand embarras. Les regards curieux déjà posés sur nous se font plus nombreux.
-Chut ! Ne crie pas si fort ! La honte !
-Tu crois ? VIVIANE FAIT ENCORE LA SIESTE !! crie-t-elle à pleine voix.
Tout le monde se retourne vers nous et nous nous enfuyons en pleurant de rire.
-Haha trop drôle ! Tu as vu leur tête ?!
- Oui, je ne m’en remettrais jamais !
-Franchement, quelle belle bande d’ahuris ! Au fait on est où ?
-Euh, je crois justement qu’on est dans le couloir de ta salle de classe.
Elle a l’air un peu gêné en disant ça alors je la réconforte de suite.
-Bon eh bien je sens que je vais devoir aller dans la cage aux lions pour récupérer mes affaires…
-La cage aux lions ?!
-Oui ! Je te raconte pas, la première fois que je suis entrée dans la salle, ils me dévisageaient tous comme si j’étais un monstre encore inconnu… ou comme s’ils allaient me bouffer !
-Mais alors c’est pire que chez nous !
-Surement… On ne peut pas dire que les « élites » soient tendres entre eux.
Je marque bien le mot « élite » avec sarcasme, et elle me fait un clin d’œil.
-Tu m’attends dehors ou tu rentres ?
-Vaudrait mieux que je t’attende. Il y a tout de même des limites à respecter. Mais un jour où l’autre je dis pas non… j’aimerais bien voir à quoi ressemble la fameuse salle des deltas !
-Ça marche ! A tout de suite !
Lorsque j’entre dans la salle, il ne reste plus grand monde, seulement deux groupes de trois élèves. Dont Ellia. Je sens qu’elle va m’embêter, maintenant je suis sûre qu’elle ne m’a pas abordée par gentillesse. Vu la tension qui règne dans cette école, elle voulait sûrement grappiller quelques infos sur moi.
Je me dirige vers mon bureau. Mon sac est toujours à sa place et je rassemble rapidement mes affaires. A priori rien ne manque. Je suis en train de fermer mon sac lorsqu’Ellia et le groupe de filles avec lesquelles elle parlait lorsque je suis rentrée, s’approchent de moi.
Evidemment c’est d’abord Ellia qui s’adresse à moi :
-Viviane, je m’inquiétais, tu n’es pas du tout revenue en cours après être partie avec cette fille.
-A d’autres…
-Quoi ?
-Tu crois vraiment que je gobe tout ce que tu dis ? Je suis persuadée que tu ne t’inquiétais pas du tout pour moi et qu’au contraire tu te réjouissais à l’avance de ce qui allait me tomber dessus.
-Je suis peinée de t’entendre dire ça Viviane.
Son air faussement attristé me tape sur le système. Je balance mon sac sur mon épaule et les bouscule sans ménagement pour rejoindre la sortie.
-Viviane ?
-Quoi encore, je grogne.
-Il parait que tu traines avec une alpha, surement celle qui t’a bousculée ce matin, non ?
-Et alors ? Je choisi qui je veux comme amie.
-Tu devrais faire attention à tes fréquentations… Il n’est pas bon de devenir une de nos ennemis, me dit-elle avec une grimace de haine.
-Oh, tu montres enfin ton vrai visage, la peste ?
Je m’assois du bout des fesses sur le coin d’une table tandis qu’elle s’approche de moi en me toisant avec mépris. Ses comparses regardent de loin mais ne font pas mine de vouloir se mêler à notre différent.
-Tu ferais mieux de me respecter Viviane ! Tu n’es peut-être qu’une nouvelle mais ce n’est pas pour ça que je t’épargnerais, me menace-t-elle.
A présent même l’autre groupe regarde attentivement ce qui se passe. J’en profite donc pour faire une déclaration publique.
-Eh bien puisque vous êtes tous si intéressés par ma petite personne, je vais mettre les choses au point. Je n’en ai rien à faire de votre avis, je fais ce que je veux et si l’un de vous s’avise à me menacer ou m’embêter, c’est contre lui que ça se retournera. Si nécessaire je ferais usage de la violence alors laissez-moi tranquille. Cette école n’est rien pour moi, et peu m’importe que je sois renvoyée. Evidemment, ceux qui ne me font rien, ne risquent rien avec moi. Je suis toute disposée à devenir votre amie… Sur ce, je vous laisse, j’ai d’autres choses à faire.
J’adresse un grand sourire à tout le monde et me dirige vers la sortie lorsqu’une main m’agrippe l’épaule.
-Ellia, lâche-moi, dis-je calmement.
-Je n’en ai pas terminé de parler avec toi !
Le venin de ses pensées transparaît dans ses paroles. Je me retourne promptement et fixe ses yeux. Immédiatement des images s’imposent à moi.
«-Bouhou ! snif ! Pourquoi tout le monde s’est ligué contre moi ?! Ils m’appellent toujours « la nigaude » ou « la fille qui pue ». Tout ça à cause d’une erreur une fois ! Je ne le supporte plus ! Ce monde est cruel, je ne veux plus être persécutée ! »
« Encore une fois mon bureau est plein de graffitis insultants et de dessins grossiers. Quelqu’un a même renversé de l’eau et de l’encre sur mes cahiers. Un autre à découpé mes affaires de sports… »
«Personne sur qui me reposer, tous mes amis m’ont tournés le dos… Je me vengerais. De tous, de vous tous, du monde entier ! Et je leur ferais payer très cher… »
« La jeune fille que je viens de frapper se recroqueville sur le sol. On dirait moi plus jeune… Cette image m’énerve et je donne un coup de pied dans l’estomac de la fille.
-Salope ! Tu me dégoutes, ta vue me donne envie de vomir !
Je lui ferais payer… Tout comme j’ai souffert je la ferais souffrir. »
Intéressant… Ellia était persécutée plus jeune…
Je m’approche doucement du visage d’Ellia, et lui glisse à l’oreille :
-Oh, alors comme ça la « nigaude » ose s’en prendre à moi ? Pour la « fille qui pue » je trouve ça un peu gros, pas toi ?
Au fur et à mesure que je dis ces mots, son visage perd toute couleur. J’enfonce le clou un peu plus.
-Oh ne me dis pas que tu vas te mettre à pleurer ? Comme à cette époque-là où tu te cachais sous les escaliers pour sangloter. Tu es si pitoyable, pauvre idiote !
Son bras glisse lentement à son côté et elle tombe à genoux.
-Si tu as compris la leçon, ne m’adresse plus jamais la parole, ne me regarde même plus. Ce serait dommage que je le rappelle à ceux qui ont tout oublié, non ? Je suis persuadée que beaucoup espèrent se venger…
Je m’éloigne d’elle à reculons, jette un regard de défi à tout le monde et sors.
-Viviane ! Tu en as mis du temps ! J’ai cru que tu ne ressortirais jamais.
Un air inquiet s’est peint sur son visage. Je lui tire les deux joues amicalement.
-Merci de te faire du souci, mais tu t’inquiètes pour rien. J’avais juste quelques trucs à mettre au point.
Je vois bien qu’elle ne me croit pas, mais bon je peux comme pas lui raconter ce que je viens de faire… J’ai tellement honte. Les visions ne sont pas faites pour faire du mal au gens, et ça me rend malade. Jamais je n’ai été aussi méchante avec quelqu’un… J’ai peur de moi-même. Ma frustration me fait devenir méchante. Sur Terre j’ai souvent pensé à faire ce genre de choses mais il me restait un semblant de morale. Ce monde a des effets dévastateurs sur mon caractère, dire qu’en plus je suis censée être un ange… Je me dégoûte moi-même. Je me hais tellement…
-Viviane ? Ohé Viviane, je te parle ! Mais tu pleures ?
-Oh Elisa !
Et je me mets à sangloter sur son épaule. Ses cheveux blonds foncés me chatouillent le nez mais enfin je peux pleurer sur l’épaule de quelqu’un. Elle me tapote le dos amicalement mais ne dit rien. Elle attend tout simplement que la crise de larmes soit finie.
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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles