chapitre 14

Je suis devant la classe d’Elisa et attends avec impatience que les cours de la matinée se terminent. J’ai beaucoup de choses à lui raconter ! Je pense qu’elle mérite de savoir pour Catiel, après tout, les amies se parlent toujours de leurs histoires d’amour… Je pouffe à haute voix. Heureusement qu’il n’y a personne dans le couloir. Enfin en même temps, on est en plein milieu des cours donc c’est plutôt normal. Seuls ceux qui sèchent sont dans les couloirs… Et encore il est plus prudent de s’esquiver dans un coin. Mais l’incident avec Madame Gritel m’a redonné confiance en moi, ce n’est pas ces punitions qui vont me faire peur. Pour l’instant je suis heureuse bien que je n’ai pas beaucoup dormi… Je glisse le long du mur et repense à ma nuit.

Dès que la lueur de la lune a commencée par être estompée par la lumière du soleil, Catiel et moi nous sommes séparés après un dernier baiser. Il a sauté dans la serre et moi par la fenêtre. La nuit a été magique… Au sens propre et au sens littéraire du terme. Je suis retournée dans ma chambre, encore remplie de ce miracle et me suis endormie sans m’en rendre compte. Les bavardages et les claquements de portes des élèves allants en cours ne m’ont pas gênée plus que ça. Je me suis rendormie immédiatement. C’est seulement quatre petites heures plus tard que je me suis levée. En forme et prête à refaire une veillée la nuit suivante.

Plus qu’une demi-heure ! J’aurais dû jeter un coup d’œil aux horaires des cours avant de me précipiter ici… J’aurais au moins pris un livre, voire un cahier pour dessiner. J’aperçois alors un petit oiseau qui pépie sur le bord de la fenêtre en face de moi. Je me lève pour aller l’ouvrir, et dès que la vitre a coulissé l’oiseau se précipite vers moi !

-Gros oiseau, gros oiseau je t’ai retrouvé !

-Pardon ?

L’oiseau s’est confortablement niché au creux de mon épaule et il commence à me taper la discute ! Bon une discussion simple mais une discussion tout de même…

-Alors gros oiseau sait maintenant voler ?

-Euh oui…

-Hihi !

L’oiseau gazouille allègrement quand il me rappelle alors un autre oiseau… Celui qui s’est moqué de moi lors de mon arrivée dans Ellyseum !

-Dis… Pourquoi tu es là ? Tu es loin de chez toi…

-Parce que gros oiseau est mon âme sœur ! Âme sœur de gros oiseau !

-Tu m’en diras tant, je ricane. Et donc tu es venu ici pour ?

-Rester auprès de gros oiseau !

Super me voilà avec un oiseau de compagnie ! Enfin au moins il est mignon. Son plumage est bleuté au bout de ses ailes et tends vers le noir au niveau du corps. Par contre il a une étrange tache blanche piquetée de noire sous la gorge.

-Et tu t’appelles ?

-Virevolte !

-Je vais abréger en Volte si ça ne t’embêtes pas…

-Euh Viviane, tu parles aux oiseaux maintenant ?

-Elisa !

Effectivement c’est bien Elisa qui sort de sa classe, et elle n’est pas la seule. Comme toujours les regards sont curieux mais gentils cette fois. Je lui fais la bise et elle remarque alors que je n’ai pas de sac.

-Ben Viviane, tu n’as pas tes affaires ? Tu les as laissées dans ta classe ?

-Non dans ma chambre. Ça te dit d’aller manger ?

-Si tu veux j’ai préparé mon déjeuner, généralement on se fait une sorte de petit pique-nique que l’on mange en classe. Il y en a suffisamment pour deux.

-Vraiment ? Je peux ? Ça ne va embêter les gens de ta classe ?

-Bien sûr que non, je dirais même qu’ils sont plutôt curieux de te connaître, des tas de rumeurs courent déjà dans l’académie !

Elisa me précède et rentre dans sa classe. Je la suis avec un peu d’appréhension mais un groupe de garçons nous invite à leur table. Ils ont rassemblés une bonne partie des bureaux pour faire une très grande table. Chacun a un déjeuner devant soi, ce qui ne les empêchent pas de picorer dans celui du voisin.

-Alors Elisa tu nous présentes ?

-Bien sûr, Viviane voici…

Elle me sort alors une liste de prénoms dont je n’en retiens aucun et chacun leur tour ils me font un petit signe de bienvenue ou me claque un bisou sonore sur la joue. Ceux qui font ça sont regardés avec étonnement mais bientôt tout le monde fait la même chose.  

-Ah non, pas touche, gros oiseau est seulement  à moi !

Oups j’avais complétement oublié Volte ! Les gens le regardent avec attention mais personne n’a l’air surpris.

-Tiens tu parles aux oiseaux ? me fait remarquer un grand blond.

-Euh oui, dis-je en rougissant comme une pivoine.

-Oh, c’est mignon, elle rougit ! Elle est toute gênée !

Ils se mettent à me taquiner un peu, et je rougis d’autant plus. Elisa met fin à mon calvaire et je la remercie du regard :

-Voyons les garçons ! Vous la mettez mal à l’aise, elle est nouvelle ici vous savez…

Et puis elle s’adresse à moi :

-Viviane ici, les gens qui parlent aux animaux sont fréquents, ne t’inquiète pas. Assieds-toi plutôt.

Elle me guide vers une chaise vide et tout le monde me donne un bout de son déjeuner :

-Viviane, tu aimes la teurgoule ?

-Tu veux un peu de ma brioche ?

-Si tu veux j’ai un deuxième jus de fruits.

-Je ne mangerais pas ce sandwich alors si tu le veux, je t’en prie.

Je me retrouve devant un monceau de nourriture…

-Vous savez, je ne vais pas manger tout ça…

Et en voyant leur tête dépitée, j’ajoute précipitamment : « …alors est-ce que je pourrais garder le reste pour mon dîner ? »

Ils retrouvent tous instantanément le sourire et mon oiseau pépie de fureur.

-Gros oiseau, ils vont te voler, ils veulent t’enlever de moi !! grrr !

-Qu’est-ce qu’il dit ? Raconte !

-Et comment il s’appelle ?

Les questions se pressent et j’essaye d’y répondre de mon mieux.

-Je crois que Volte est un peu jaloux c’est tout. Il dit que je suis son âme sœur.

Je le gratte dans le cou et il roucoule de plaisir. Autour de moi le silence s’est fait. Je regarde Elisa mais elle détourne le regard tout gênée.

-Ben, qu’est-ce que j’ai dit ?

-Tu ne sais pas ?

Cette fois la stupeur est générale, décidemment c’est un peu gênant de toujours être la dernière au courant… Je secoue donc négativement la tête. Et cette fois c’est un petit garçon châtain clair qui me répond : « Viviane lorsqu’un animal peut te parler et dit que vous êtes âmes sœurs, ce n’est pas au sens amoureux du terme, mais de votre essence. Vous partagez la même essence ce qui fait qu’il n’y a personne d’autre dans ce monde qui soit plus proche de toi. Il partagera toutes tes émotions dans la limite de sa compréhension et saura toujours te retrouver quoi qu’il arrive. Vous ne pourrez être séparé. Pour cette aide et ce soutien permanent, tout ce qu’il te demande c’est ton amour inconditionnel. »

Je suis stupéfaite, je crois que ce monde n’a pas fini de me surprendre. Sentant mon trouble, Volte se frotte amicalement contre mon cou et chante quelques notes. Je lui souris gentiment et essaye de détendre l’atmosphère.

-Bon et si on le commençait ce repas ? Je meurs de fin ! Merci… euh…

-Martin.

-Merci Martin.

Les gens se remettent à plaisanter, et une discussion animée s’engage. Dans cette classe les élèves se taquinent, se racontent des histoires ou les dernières rumeurs… Ça fait plaisir de voir ça, et je me détends peu à peu. Volte s’est  endormi sur mon épaule et de temps en temps les gens me posent de questions  auxquelles je réponds amicalement, mais je préfère les écouter parler. J’ai l’impression d’être de nouveau sur Terre entourée de mes amis…

-Viviane ?

-Oui Elisa ?

-Tu as l’air un peu dans les nuages…

-Comme toujours j’ai envie de dire ! En fait je regarde juste la bonne entente qui règne et je suis épatée.

-Tu sais ce n’est comme ça que pendant les pauses, pendant les cours on c’est plutôt l’inverse.

-Oui mais au moins ce n’est pas comme ça en permanence ! Le peu que j’en ai vu dans la delta ne me donne pas envie d’y remettre les pieds…

-Tiens maintenant que tu en parles… Qu’est-ce que tu faisais là si tôt devant la salle ? Tu n’avais pas cours ?

-Euh, si je crois…

Je détourne les yeux mais Elisa est bien décidée à toucher le fond de l’affaire.

-Et tes affaires ? Tu m’as dit que tu les avais laissées dans ta chambre, ne me dis pas que…

-Si, si, c’est bon. J’ai séché, tu es contente ?

Je soupire, exaspérée…

-Encore ?!

Les gens se tournent vers nous.

-Attends rappelle moi depuis combien de temps tu es ici ?

-Euh, je suis arrivée hier.

-Et tu as assisté à combien de cours ?

-Deux je crois, je me souviens plus très bien.

-Deux ?! Tu ne te souviens plus très bien ?! C’est une blague…

-Non…

Et là les gens explosent de rire, ils se soutiennent les uns les autres et vont jusqu’à pleurer de rire. Evidemment ils sont incapables d’aligner deux mots, je suis donc résignée à attendre qu’ils aient finis de rigoler.

-Qu’est-ce qu’il y a de si drôle ?

-Viviane je crois que même Catiel n’a pas sécher les deux premiers jours en entier !

-Catiel ? Qu’est-ce qu’il a à voir là-dedans ?

-Ben Catiel est tout simplement celui qui a le moins d’heures de présence en cours depuis qu’il est arrivé ici… Il a tenu une semaine et maintenant d’après les rumeurs il ne vient en cours que lorsque ça lui chante…

-Ça ne m’étonne pas de lui…

-Tu le connais ?

C’est fou ce que les gens sont curieux, enfin j’imagine qu’à leur place, je serais pareille…
-Oui un peu, Catiel et…

-On parle de moi ?

En parlant du loup.

-On peut dire ça oui…

Les gens autour de moi s’immobilisent instantanément. Elisa me chuchote à l’oreille  « il est déjà impensable qu’une delta vienne dans notre classe, mais alors deux dans la même journée c’est impossible. Surtout le célèbre Catiel… »

Catiel l’interrompt au milieu de sa phrase :

-Viviane, Madame Gritel veut te voir.

-Ah ? Zut… Je suppose que je ne peux pas ne pas y aller ?

-C’est pour ça qu’elle m’envoie te chercher, j’ai tout sauf envie de jouer à la nounou.

De nouveau ce sourire sarcastique et cette lueur dans ses yeux… Qu’est-ce qu’il eut m’exaspérer ! Mais on dirait que je n’ai pas le choix, je ne peux plus éviter Madame Gritel plus longtemps.

-Eh bien c’est parti, je te suis…

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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles