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Blog contenant des histoires inventées et des poèmes

chapitre 18

Dès mon réveil, mes premières pensées sont pour Volte et Catiel.

-Volte ?! Catiel ?! Où êtes-vous ?!

Mais seul le gazouillement de Volte résonne à mes oreilles.

-Je suis là gros oiseau !

J’ai un mal de crâne horrible, et ma vision est complètement floue. Je lutte en vain, mais cette fois, c’est le sommeil qui me prend. Alors que je suis à moitié endormie, je sens des bras me soulever. Mais je suis incapable d’esquisser le moindre geste ou protester un tant soit peu. J’ai accumulé tellement de fatigue…

 

J’ouvre les yeux lentement. Le soleil qui passe par la fenêtre me fait mal aux yeux.

-Où suis-je ?

Je regarde autour de moi avec étonnement. La pièce est étonnamment vide, le seul meuble est le lit dans lequel je dors. Par contre une grande fenêtre avec balcon couvre tout le mur en face de moi. De long rideaux blancs transparents ondulent sous la brise légère et ôte un peu la sensation de vide. Je me lève doucement, sans faire de bruit, et m’approche de la fenêtre. Je distingue en contrebas des jardins avec des jets d’eau, des parterres de fleurs très bien agencés, et des avenues entretenues à la perfection serpentent en faisant tours et détours au milieu de cette palette éclatante de couleurs. Des gens se promènent doucement, sans se presser. Il n’y a que des couples ou des petits groupes de quelques personnes. Je ne vois aucun enfant… Je me détourne de ce faste spectacle et observe au-delà des jardins. C’est la ville. Je peux voir l’académie et même la grande route marchande par laquelle je suis arrivée. Je me retourne vers ma chambre et contemple le lit de draps blanc, les rideaux fins de très bonne facture…

-Je suis donc au château du roi. Je pensais qu’il me jetterait plutôt dans un cachot…

Une servante entre à ce moment-là.

-Oh vous êtes réveillée ! On n’y croyait plus !

-Ça fait combien de temps que je dors ?

Elle rougit et baisse la tête. Elle murmure faiblement :

-Deux jours et demi.

Oh mon Dieu ! Tant que ça ?

-Veuillez-me suivre.

Elle me parle maintenant avec déférence, et je sens qu’elle ne répondra pas à mes questions. De toute façon on ne va pas très loin. Nous entrons dans une pièce située à quelques mètres de la porte de ma chambre. C’est une salle de bain.

-Déshabillez-vous et lavez-vous. Lorsque vous aurez terminé, toquez à la porte. On vous apportera vos vêtements.

Je me déshabille lentement. J’ai accumulé trois jours de saleté et non seulement ma robe est sale mais en plus elle est complétement froissée. Dommage je l’aimais bien. Je pénètre avec délice dans la grande baignoire. L’eau est à la température parfaite. Je m’immerge complètement et en profite pour me détendre un peu. L’eau chaude relaxe doucement mes muscles. Différents produits sont posés le long de la baignoire. J’ouvre les flacons et sens les différents liquides : vanille, orange, mangue et d’autres parfums qui me sont inconnus. Ça doit être les savons et les shampoings. J’opte donc après une longue réflexion pour un flacon embaumant la cannelle. Il me rappelle l’odeur des tartes aux pommes que me faisait ma mère. Je sors de l’eau et m’enroule dans une serviette. Je m’approche de la porte mais une nuée de servantes entre sans que je ne fasse rien. Elles m’entourent en bavardant entre elles et me fixent de haut en bas. On m’enlève alors ma serviette de force.

-Hé ! Qu’est-ce que vous faites !

Celle qui a l’air le plus âgé me répond sommairement.

-Sur ordre du roi, nous devons vous trouver une robe qui vous aille parfaitement en votre qualité d’ange.

-Pardon ?

Mais elle s’occupe déjà d’autre chose. On me force à rester debout les bras en croix et elles me font essayer différentes robes, toutes sont blanches. Finalement elles optent pour une robe pas si différente de celle de mon uniforme. Un corset blanc aux lacets dorés m’enserre la taille, et la jupe est constituée d’une multitude de voilages me tombant au niveau des chevilles. Plus les voiles sont vers l’extérieur et plus ils sont transparents. C’est vraiment une robe de princesse…

On me démêle ensuite les cheveux, et une servante me fait une tresse qui retombe sur mon épaule droite. Elle pique ensuite des fleurs dedans. J’ai l’impression qu’on me prépare pour mon mariage, c’est vachement déstabilisant !

-Déployez vos ailes.

Je n’écoute pas vraiment la servante qui vient de parler, ce qui la contraint à répéter.

-Déployez vos ailes, s’il-vous-plaît.

-Ah, euh oui bien sûr.

Je fais apparaitre mes ailes, et je sens une main s’approcher de mes plumes.

- Ne les touchez pas ! je m’exclame.

Immédiatement toutes les servantes reculent d’un pas en s’inclinant et s’excusant platement. Puis elles sortent toutes, et bientôt, il ne reste plus que la vieille servante et moi dans la pièce.

-Suivez-moi, je vais vous conduire au roi.

Elle se dirige vers la porte lorsqu’elle s’arrête et se tourne vers moi.

-Au fait, vous avez interdiction de faire disparaitre vos ailes. C’est un ordre du roi. Je vous déconseille d’y désobéir.

Je sens la menace sous-jacente. J’ai déjà expérimenté ce qu’était la terreur pour ne pas avoir envie de désobéir une nouvelle fois à un ordre. Surtout s’il vient du roi. Je hoche donc la tête, et la servante s’en va l’air satisfait. Elle me conduit à travers de somptueux couloirs. Bien qu’ils soient magnifiques, ils ne sont pas trop chargés. On est loin des magnifiques peintures et des multiples dorures du palais de Versailles. Ici, tout est dans la finesse. Un arrangement floral élégant, des meubles de belle facture, des couloirs lumineux et propres… Je suis étonnée. Par contre c’est un vrai labyrinthe ! Encore pire qu’à l’académie, c’est pour dire. Et encore à l’académie on m’avait donné le truc pour ne pas me perdre… On arrive enfin devant une grande porte couleur acajou, sur lesquelles des dorures ressortent et brillent de mille feux.

-Je ne puis vous suivre au-delà, s’excuse la vieille servante en s’effaçant devant moi. Puis elle ajoute doucement : « Faites en sorte de faire tenir votre oiseau tranquille, il vaudrait mieux pour vous deux qu’il ne chante pas. »

-Volte ?

-Gros oiseau est inquiet ! Je suis caché hihi ! Volte s’est caché hihi !

-Très bien, alors ne fais plus de bruit ! Par contre je pense que tu peux t’envoler si tu as besoin de te dégourdir les ailes.

Volte est en fait caché sous mes cheveux. En coiffant mes cheveux, la servante a laissé une place suffisante entre mes cheveux et mon cou pour que Virevolte puisse s’y nicher. Je n’avais même pas fais attention…

-Il est temps d’y aller, me rappelle la servante.

Je pousse alors la porte et pénètre dans la pièce. Mes pieds nus touchent se posent sur un épais tapis rouge qui mène jusqu’au trône royal. Je m’avance lentement mais il n’y a personne dans cette vaste pièce. Seul le roi est assis tout au fond de la salle sur son trône.

Arrivée à quelques mètres de lui, je m’incline. Sa voix s’élève alors et l’écho rebondi dans la pièce.

-Voilà donc l’ange qui nous a demandé tant de mal… Tu ne t’es vraiment pas laissé faire.

-Non Sire, comment l’aurais-je pu ?

-Silence ! Qui t’as demandé de parler ?!

Sa voix claque comme un fouet. Je relève les yeux –tout en restant inclinée– pour l’observer entre mes cils. Des cheveux blancs commencent à apparaitre au milieu des mèches brunes et un pli soucieux (ou énervé) barre son front. De multiples rides parsèment son visage et pourtant je sais qu’il n’est pas si vieux. Une couronne dorée sertie de pierres bleues et vertes orne son front. J’évite sciemment  ses yeux pour me concentrer sur sa corpulence. Alors que beaucoup d’hommes de son âge commencent à avoir une sacrée bedaine, lui est resté sec voire musclé. Il est habillé avec faste et il transpire l’autorité. Sa présence est écrasante.

-Sais-tu ce que l’on m’a dit à ton sujet ?

Par prudence je ne réponds pas, on ne sait jamais… et effectivement il continue seul.

-Une prophétie m’a été faite il y a de longues années maintenant, voici ce qu’elle dit exactement : « Lorsque la femme aux ailes blanches du ciel sera tombée, prospérité, gloire et magnificence seront apportées au Royaume. Sa clairvoyance saura transpercer le mal qui fondra sous le soleil de l’été et lorsque ses ailes se teinteront de noir, une nouvelle ère s’ouvrira. »Intéressant n’est-ce pas ? Toute la population connait cette fameuse légende, je me servirais donc de toi.

Alors maintenant des prophéties parlent de moi comme étant le remède miracle… attention les chevilles ! Par contre je n’aime pas trop l’idée d’être utilisée.

-Relève la tête !

Je me dresse donc fièrement devant lui en évitant de croiser son regard. Il reprend aussitôt la parole :

-Tu resteras donc ici, dans la salle du trône, à mes côtés, pour que chacun sache qu’enfin l’ange a été retrouvé. Ainsi ceux qui veulent me renverser me craindront, et enfin le peuple me donnera le respect qui m’est dû. Et pour éviter que tu ne m’échappes tu porteras ça.

Il me tend alors huit bracelets de couleurs différentes.

-Mets-en deux à chacun de tes poignets et fais de même pour les chevilles. Ainsi tu ne pourras t’éloigner de plus de cinq mètres de moi. Essaye.

Je me recule donc d’un mètre sur son ordre et une douleur terrifiante me fait tomber à genoux. Je halète de douleur et relève la tête vers lui. Son regard se plante alors dans le mien.

« Mon Dieu, Anne que t’est-il arrivé ?

Le roi est à genoux à côté de sa reine. Elle est allongée sur le dos et une fleur de sans s’étale sur sa poitrine. Une unique larme brille dans ses yeux.

-Adieu mon amour, murmure-t-elle.

-Non, me quitte pas !

Elle le regarde alors avec une lueur de pitié dans les yeux.

 

 

cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles

-Ce n’est pas de toi que je parlais.

-Mais ma reine bien aimée, de qui… ?

-C’est de moi qu’elle parle.

La main de la reine se tend alors vers le nouveau venu.

-Stephan…

Sa voix se brise sur les dernières syllabes et sa main retombe. La reine est morte.

-Stephan… gronde le roi. Je vais te tuer !

Il prend son épée et un duel s’engage. Mais la puissance dévastatrice qui anime le roi lui permet rapidement de prendre le dessus. Il ouvre la gorge de son adversaire puis lui plante son épée dans le cœur. Lentement l’autre s’écroule aux pieds du roi. »

« Le roi est debout au milieu de deux cadavres.

-Ma femme, mon meilleur ami et conseillé disparus, que me reste-t-il ? Je ne peux avoir confiance ni dans les femmes, ni dans mes conseillers, ni dans les Magics. Je suis seul contre tous…

Deux grosses larmes coulent le long de ses joues mais il ne les essuie pas. Il a craché plus qu’il n’a prononcé  ces paroles. Il se détourne enfin des deux cadavres et s’enfonce dans le couloir sombre. Dos au monde, il s’enfonce dans l’obscurité. »

-Tu es à moi.

Son regard est cruel et une flamme mauvaise brille dans ses yeux. Une larme coule le long de ma joue. Une larme de compassion, mais également une larme contenant toute ma tristesse. Je ne reverrais pas Catiel, je ne volerais plus, obligée de rester auprès de ce tyran. Relever la tête. Je dois rester forte. Pour Claire, pour ma famille, pour la petite Sylvia, pour Gabriel à qui je l’ai promis, pour mes amis, Elisa et Catiel… Relever la tête devant l’adversité.

 

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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles

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