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Blog contenant des histoires inventées et des poèmes

chapitre 4

Un oiseau sanglote près de moi. Je tends la main pour le réconforter … et manque de tomber !

-Mais où est-ce que je suis ? Je fais quoi en haut d’un arbre ?!

Ça y est je me souviens, les ailes, la course poursuite, Sylvia et Antinéa,  et ce nom : Ilinia. De nouveau des larmes roulent le long de mes joues, ma famille…

-Non arrête ! Viviane arrête de pleurer ! Tu ne dois pas te laisser tomber dans le désespoir. Tu dois vivre, vivre une merveilleuse vie : aide les gens, remercie le ciel d’être là et sois heureuse.

C’est ce que je me promets en haut de mon arbre, avec seul le ciel et un oiseau pour témoin.

Je plane jusqu’en bas de mon arbre et fais disparaitre mes ailes.

-J’y arrive ! Je peux enfin les faire disparaitre volontairement.

Je m’amuse à les faire disparaitre et réapparaitre en courant et voltigeant un peu partout. Un rire monte en moi, et je souris au monde oubliant le temps de cette course mes chagrins passés.

 

Je trace mon chemin à travers les arbres, tranquillement, je ne suis pas pressée après tout. La vie commence dans un nouveau monde, le soleil brille, les oiseaux chantent … Le truc classique quoi ! Sauf que je suis plutôt rationnelle et je sais que bientôt j’aurais soif et faim. Le pays des bisounours c’est pas pour moi ! J’ai les pieds ancrés dans la réalité, et cette réalité n’est pas forcément sympathique, bien malheureusement pour moi. Alors que ces pensées agitent mon esprit, la forêt s’éclaircit et je commence à distinguer une lisière devant moi. Il était temps !

 

 Je me retrouve soudainement au milieu d’une foule colorée qui se pousse, qui crie, qui se hue à tout va. Je ne peux rien faire, je me sens propulsée dans ce bain de gens sans avoir mon mot à dire. J’ai l’impression d’étouffer, je ne suis pas agoraphobe mais ça commence à être de trop …

Et me voilà une nouvelle fois en dehors de mon corps ! Je flotte en l’air et la foule ne me parait plus aussi effrayante lorsque je ne la subit plus. Mon autre moi se dirige d’une charrette à une autre, regarde le contenu, va voir un peu plus loin. Je profite de ce petit instant de répit pour observer les gens. La plupart des femmes portent des robes ou des tuniques sur des jupes, un peu comme moi à la différence près qu’a priori il y a beaucoup plus de plis, de rubans et que la coupe est un peu plus sophistiquée que la mienne. Par contre je trouve les couleurs beaucoup trop criardes, trop jaune, trop rose, toujours trop …

 

-Fais un peu attention où tu vas !

Je mets un peu de temps avant de comprendre que le marchand s’est adressé à moi.

-Excusez-moi !, je réponds. Trop tard, le marchand s’est déjà éloigné. Je soupire.

-Madame ! Pourquoi vous soupirez ?

Un garçon à l’aspect chétif s’est adressé à moi, des vêtements crottés et trop grands lui, des cheveux bruns ébouriffés et des yeux d’un vert …

 

« -Cache-toi ici Gabriel, il ne te trouvera pas !

-Mais Maman je veux rester avec toi, je ne veux pas te quitter.

-Mon ange, mon bébé ne t’inquiète pas, reste-ici caché dans la cave et ne bouge pas avant que tu n’entendes plus de bruit. »

« Mamaaaaan ! »

Une image me parvient choquante, la nausée me vient mais je m’oblige à replonger dans cette douleur.

« Un corps qui baigne dans son sang, de profondes lacérations par lesquelles du sang coule encore. Le visage crispé dans une dernière expression de terreur. Sa mère. »

« Maman ! Je vais faire quoi sans toi ?! Pourquoi tu es partie comme ça ! »

« Les autres se moquent de moi parce que je n’ai plus de parents, les gens sont cruels, le monde est cruel ! »

« Je déteste le monde !! »

 

-Madame ?

-Excuse-moi Gabriel, je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire, dis-je en souriant tristement.

-Hein, comment connaissez-vous mon nom ? Ça fait peur … Ce sont les autres qui vont l’ont dit pour vous moquer de moi ? Personne n’aime mon nom !!

-Chut, calme toi Gabriel, allons-nous assoir quelque part, tu m’aides à trouver ?

-Bien sûr ! Et il part en courant. C’est dingue comment les enfants font confiance au premier venu … surtout d’après les bribes de son passé que je viens de voir.

 

Et soudainement je comprends, je peux voir la peine des gens. Dieu m’a donné des ailes et la capacité de voir le malheur qui règne au plus profond du cœur de chaque personne. La douleur qu’ils endurent depuis des années ; les yeux sont les fenêtres de l’âme. Je suis ici pour consoler les gens, c’est mon devoir. Je ne peux pas m’en détourner. Une tâche impossible, même un ange n’y arriverait pas … sauf que maintenant je suis un ange.

A l’instant même où je me rends compte de ça, j’ai l’impression qu’une porte s’ouvre et lorsque je porte mon regard sur la foule …

« Il m’a trompée ! Tous les hommes sont pareils ! Mon père, mon mari, tous ! »

« L’Etat, encore des taxes, j’ai une famille à nourrir mais plus d’argent. Je n’en peux plus, tout ce travail pour rien … »

« Ils ne s’entendent plus, mes parents ne s’entendent plus … Ils ne me voient plus à force de se disputer, je n’existe plus pour personne !! »

« Papa ! Arrête de me battre, j’ai mal, ça fait mal ! »

« Des cauchemars, encore et toujours, ils me hantent, toujours la même scène qui revient … Ma mère massacrée par mon père… »

 

Gabriel ! C’est l’esprit de Gabriel ! Mais cette pensée se perd dans toutes les images, les paroles qui ma parviennent. Tout tourne autour de moi, progressivement ma vision se réduit puis tout devient noir.

 

Lorsque je reviens à moi, la nuit est déjà tombée. Une silhouette se découpe sur le ciel.

-Madame ?

-Gabriel c’est toi ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

-Eh bien lorsque je suis parti et que j’ai vu que vous ne me suiviez pas, je suis revenu sur mes pas. Vous étiez étendue par terre alors je vous ai décalée sur le bord de la route.

-Tu as attendu tout ce temps ?

-Ben oui !

-Mais … mais pourquoi ?

Je ne comprends plus bien l’innocence naïve des enfants de ce monde. En France tous les enfants savent qu’il ne faut pas faire confiance aux inconnus !

-Parce que vous étiez seule.

-Ah ? Je ne te suis pas là …

-Oui. Dans vos yeux j’ai lu la même solitude que la mienne, le deuil de la famille.

 

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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles

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