Blog contenant des histoires inventées et des poèmes
-Au revoir Gabriel !
-Au revoir Madame ! Et merci ! Je ne vous oublierais pas !
Je me retourne pour cacher mes larmes, j’ai passé trois jours avec Gabriel, trois jours fantastiques et merveilleux faits de bonheur et de découvertes. A présent je sais où je vais, où je me dirige, et surtout je sais qui je suis et je peux maîtriser mes nouveaux pouvoirs.
-Monsieur je peux monter derrière ?
-Vous allez jusqu’où ?
-Ilinia, dis-je en souriant.
-Alors en route mauvaise troupe, direction la capitale ! Je vais là-bas vendre des herbes médicinales, tu peux te trouver un coin entre les sacs mais fais gaffe où tu poses les pieds.
Les gens d’ici sont si gentils … Alors que je contemple le paysage qui défile lentement, je me souviens.
Je me souviens de son sourire franc et de ses yeux pétillants, des histoires qu’il m’a racontées auprès du feu le soir. Et surtout de son histoire, son apprentissage de la vie alors qu’il était seul, ses tristesses, ses peines et ses joies.
Et moi aussi je lui ai parlé, je lui ai raconté ce que j’avais vécu, les angoisses provoquées par ce qu’on attendait de moi sans que personne ne m’ai rien dit. De cette douleur que je percevais chez les gens et qui m’agressait tant physiquement que mentalement.
Il m’a appris par ces mots, montrer par son exemple et j’ai retrouvé le sourire, la joie de vivre. Vivre une vie consacrée entièrement au bonheur, le mien comme celui des autres. Comment pourrais-je aider quelqu’un à trouver le bonheur si moi-même je ne suis pas heureuse ?
Aussitôt la tête posée sur ces semblants d’oreillers, les bras de Morphée me capturent …
« Te voilà à nouveau partie dans ce monde où je ne puis te rejoindre. Les jambes se balançant dans le vide, tu es assise à la fenêtre. Tes cheveux fouettent doucement tes joues mais tu ne t’en aperçois pas. Les yeux plongés dans le lointain, tu rêves. Les minutes et les heures s’écoulent, et moi je reste là à te regarder, j’attends le moment où enfin tu te retourneras vers moi et me souriras. Lentement la douce lumière de la lune fait place aux rayons de soleil du nouveau jour. Enfin tes yeux papillonnent et tu tournes la tête vers moi. Je ne sais où tu étais, tu ne savais où je me trouvais ; ô toi mon aimée, enfin nous nous retrouvons mais il est trop tard. Le jour s’étant levé, nous sommes à nouveau séparés par cette puissance implacable qu’est la réalité. »
-Debout la marmotte, on est arrivé !
-Bouaah !
Je baille à m’en décrocher la mâchoire. « Déjà ? Je pensais que ce serait plus long… J’ai dormi combien de temps ? »
Il répond à moitié en rigolant, à moitié en me sermonnant :
-Dix heures ! On ne peut pas dire que ta compagnie m’ait aidé à faire passer le temps …
-Oups ! Je suis désolée … Il ne me semblait pas avoir tant de sommeil en retard. Merci beaucoup et à une prochaine !
-C’est ça, p’tite marmotte ! Bonne continuation.
Il a à peine eu le temps de terminer sa phrase que j’avais déjà sauté par terre. Je me mets à courir dans la rue, en sautillant d’émerveillement. Tout à l’air si beau à Ilinia ! Le soleil qui brille éclaire une pierre d’une blancheur étincelante. Ici comme sur la route marchande, la foule arbore des vêtements on ne peut plus colorés et non moins compliqués. Je me laisse envahir par cette joie enfantine créée par la découverte et la nouveauté. Un grand sourire s’étale sur mon visage, et je profite enfin des merveilles que m’a promises la forêt.
-Police ! Laissez passer ! Place !
Brusquement un mouvement de foule créer un énorme passage et je me retrouve seule au milieu du passage …
-Eh toi ! Tu n’as pas entendu ce que j’ai dit !
Je m’incline poliment en me reculant lorsque j’aperçois un des gardes chuchoter à l’oreille de son chef. C’est un des gardes qui me poursuivaient, j’en suis sure ! Ils m’avaient fait suffisamment peur pour que je me souvienne de leurs visages. Ce qui est surement réciproque.
-Euh, je crois qu’il est temps de m’excuser.
Je fais volte-face et fends la foule qui se presse pour voir ce qui se passe à coups de coudes. Ils me dévisagent et je rencontre de nombreux regards … Des images commencent à apparaître … Non ! Pas maintenant ! Je dois me concentrer sur ma respiration, le rythme de mes pas … Peu à peu les images refluent mais je n’en suis pas sortie pour autant.
Je regarde derrière moi et constate que les gardes en sont toujours au même point ! Alors que la foule dégage pour moi un chemin, elle se referme sur les gardes pour les freiner. Merci mon Dieu !
Je commence à être à bout de souffle, décidemment la course à pied n’est pas mon truc. Je commence à voir des étoiles …
« Bibliothèque », je vois ça écrit sur un bâtiment et me précipite dedans. Les gardes n’entreront surement pas là-dedans. Des portiques me barrent le passage jusqu’aux étagères remplies de livre.
J’aperçois un adulte pas très loin avec une pochette rouge sous le bras. Je me recule pour l’observer. Essayez de vous imaginer à la caisse d’un magasin étranger où vous ne comprenez pas la langue … et que la vendeuse vous pose une question … Eh bien, en cet instant j’ai la même impression. Celle de ne pas être à ma place et c’est très dérangeant. Je commence à avoir des sueurs froides, les bibliothécaires me regardent bizarrement.
Enfin il se dirige vers les portiques et pose la main sur une sorte d’écran tactile. Enfin ça ressemble plus à un écran d’eau, c’est assez bizarre. Lumière verte et il entre.
Je me dirige moi aussi vers les portiques tout en sentant le regard des bibliothécaires braqué sur moi … Je pose la main sur l’écran et une douce fraicheur se propage dans mon corps. Enfin de nouveau une lumière verte et j’entre. Les bibliothécaires sont retournées à leurs affaires.
-Et maintenant que je suis là je fais quoi ?
-Tiens quelqu’un qui parle à voix haute c’est pas courant ! Tu savais qu’on était censé se taire dans une bibliothèque ?
Je rougis jusqu’aux oreilles.
-Bah, c’est bon hein, ça arrive à tout le monde.
Je détaille le garçon qui me fait face : il est plutôt grand, musclé, une peau mate. Mais il est tout en noir ! Ses cheveux, ses yeux, ses vêtements, tout ! Un peu glauque …
-Bon tu m’excuseras …
-Pas besoin de t’enfuir ! Tu sèches toi aussi ?
-S-Sécher ? , je balbutie. Je ne le suis pas très bien là, de quoi est-ce qu’il parle …
Il me regarde d’un air inquisiteur et nos regards se croisent. Le bleu et le noir de nos yeux se mélangent …
« Je déteste voir les gens heureux ! Pourquoi le sont-ils mais pas moi ! Je ne mérite pas ça ! Qu’est-ce qu’ils ont fait pour avoir le droit d’être heureux ? »
« Ils se moquent de moi, leurs regards pèsent sur mes épaules… »
« -Tu n’en as pas assez ? Tu en veux plus peut-être ? Je vais briser ton bonheur, ce bonheur que tu es si fier de posséder ! Souffre comme j’ai souffert ! »
« Le bonheur de chacun … Je le détruirais ! Ce bonheur qui dégouline de partout … quelle nuisance ! »
Nous ressortons de nos transes respectives progressivement … respectives ?
-Tu as vu quelque chose ? crie-t-il, qu’est-ce que tu as vu ? Sorcière !
-Hein ? Quoi ?! Ne crie pas si fort !
Je m’enfuis, je n’arrive pas à supporter ses yeux plein de haine et de colère. Le désespoir oui, ça non.
Les rayonnages ont l’air d’être infinis. De nouveau, encore et encore, je cours. Pour protéger mon secret, un secret qui ne doit à tout prix être divulgué. Je n’ai plus le temps de penser… Mon cœur va trop vite, j’ai un point de côté. Une douleur lancinante à chaque respiration m’empêche d’avancer. Je l’entends derrière moi, lui a moins de mal que moi pour courir.
Je tourne à droite, à gauche, vais dans un couloir, traverse des portes que j’ouvre à la volée … Un escalier, synonyme d’échappatoire pour moi. Inconsciemment je déploie mes ailes et me projette vers le haut. Elles frôlent le mur mais rapidement je m’élève et atteint le sommet. J’ouvre la porte et la lumière du soleil m’éblouit.
Je m’affale par terre croyant enfin l’avoir semé et essaye en vain de reprendre ma respiration.
Lorsqu’il apparait. Un ange noir se découpant sur un fond de ciel bleu. Ange aux ailes noirs, ange aux ailes blanches. Deux anges.
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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles