Blog contenant des histoires inventées et des poèmes
On se regarde en chiens de faïences, assis l’un en face de l’autre dans la voiture. Je ne parlerais pas la première, je ne parlerais pas la première… Je jette un coup d’œil par la fenêtre… Au-revoir les bonnes résolutions !
-Mais où est-ce qu’on va ? je m’exclame. Je ne reconnais pas l’endroit !
-Au QG pour discuter tranquillement dans mon bureau.
-Une fille de yakuza dans les bureaux de la mafia ? Si c’est une blague c’est pas drôle. La plupart de tes types me connaissent et soit ils vont me trucider soit JE les truciderais.
-A qui la faute si on a dû distribuer un portrait de toi à tous nos hommes ?
C’est décidé, je me tais ! Il me porte sur le système. Forcément nos clans étant ennemis je ne leur ai pas fait de cadeaux… Je souris en pensant au bon vieux temps.
Jeune, je m’intéressais déjà à l’informatique et voyant cela mon père me forma pour devenir pirate informatique. Durant un exercice, je devais entrer dans le système de la mafia pour savoir où allait se produire un deal dont nous voulions absolument la marchandise. Enfin nous c’est vite dit… Juste mon père. Moi j’aimais juste le challenge et la tension du piratage informatique. Sauf que j’ai fait une boulette étant encore très jeune. Une simple fausse manip en soi. J’ai allumé la webcam de l’ordi que je piratais… mais la mienne était également allumée ! Résultat le chef de la mafia a fait une jolie prise d’écran et je suis devenue l’ennemie numéro 1 de leur chef de système informatique. Depuis, chaque mafieux dès qu’il me voit, a pour ordre de me récupérer et m’emmener au QG.
Mais maintenant la liste de mes méfaits s’est encore allongée… Je ne me suis pas arrêtée à cette fois-là. Heureusement que je me suis améliorée !
Un sourire m’étire la commissure des lèvres et je reprends pied dans la réalité quand la voiture s’arrête devant un grand immeuble.
-J’imaginais que le QG de la mafia serait dans un immeuble beaucoup plus…
-Beaucoup plus ?
-Délabré, je finis.
-Tu crois vraiment que je supporterais d’être dans un immeuble inconfortable avec tous les moyens financiers que j’ai ?
Pas faux.
-Tu peux sortir maintenant.
Quitter la sécurité relative de la voiture ne me plait pas tellement en fait.
-Et si tu passais en premier ?
Je reçois alors une gifle monumentale et je sens du sang couler le long de mon menton. Ma joue est en feu. Il m’a pété la lèvre ! Le connard…
-Première leçon : je ne reçois d’ordre de personne et tu as l’obligation de me vouvoyer. Et maintenant tu sors de la voiture.
Je le fixe d’un air mauvais et l’envie de répondre me brule les lèvres mais je ne tiens pas à recevoir une autre gifle comme celle-là…
Son regard se fait encore plus dur alors qu’il prononce une nouvelle fois sa phrase en articulant chaque syllabe.
-Tu sors im-mé-dia-te-ment.
J’ouvre donc la portière et me glisse à l’extérieur. Pour l’instant les gardes postés à l’entrée ne font pas attention à moi, mais je sors de la voiture du chef donc c’est plutôt normal. Sauf que le chef ne sort pas, il reste dans la voiture. Je me retourne pour l’interpeller et vois qu’il est au téléphone. Il me fait signe de rentrer sans lui puis referme la porte de la voiture.
Je suis donc plantée là, devant le QG de la mafia avec des gardes qui commencent maintenant à me zieuter avec soupçon. Pas le choix donc. Je prends mon courage à deux mains –je crois n’avoir jamais eu aussi peur de ma vie– et me dirige vers l’entrée.
Je suis si petite et eux si grands que je n’arrive même pas à la hauteur de leur fusil. Je n’ai pas le temps de les dépasser qu’ils me barrent le passage.
-Les enfants sont interdits ici.
Moi une enfant ?! C’est la meilleure ! Je fulmine.
-Euh, permettez-moi de vous expliquer un truc les mecs. Primo je ne suis pas une enfant puisque j’ai seize ans. Secundo c’est votre chef qui m’invite ici, donc vous allez dégager du chemin et me laisser gentiment entrer, et tertio je n’ai pas à recevoir d’ordres de minables comme vous qui n’avez pas su monter dans la hiérarchie alors que vous avez au moins la trentaine !
Je relève le menton avec défi… puis me rend compte de mon erreur. Pour une fois dans ma vie, je ne pouvais pas me la boucler ? Trop stupide… J’enchaine les erreurs de débutants depuis quelque temps c’est horrible.
Le regard des gardes se pose sur moi et ils me dévisagent en silence. Stoïque. Un sourire mauvais leur tire soudain les lèvres.
-Clarissa Sanchez… On ne vous attendait pas !
Merde.
Celui qui vient de parler m’agrippe alors le bras pour me faire une clé d’immobilisation. Mon corps réagit automatiquement et malgré ma taille, je le projette par-dessus mon épaule. L’autre garde reste bouche bée et j’en profite pour entrer dans le bâtiment.
-Attrapez-la ! C’est Sanchez ! Code rouge 2B !
Je sais pas ce que tout ça veut dire mais j’ai intérêt à me tailler d’ici. Une tonne de garde se dirige vers moi. Je prends la direction opposée et me retrouve devant une bouche d’escalier. Je monte les marches quatre à quatre sur deux étages avant d’apercevoir d’autres gardes descendre du troisième. Je m’engouffre donc dans un couloir entièrement vide, sans porte ni rien. Merde !
A ce rythme-là, ils ne vont pas tarder à me rattraper c’est sûr. J’entends déjà leur respiration. Sauf qu’une fenêtre est ouverte à quelques mètres de moi. Sans m’arrêter une seconde, je prends appui sur le rebord et saute… dans le bloc d’en face ! Sauf que cinq mètres, ça fait quand même beaucoup. Mes doigts agrippent de justesse le rebord de la fenêtre d’en face et je manque de me décrocher. Je sens le vide en-dessous de moi. Ce serait vraiment une mort stupide si je lâchais maintenant. Tout ça pour rien…
Deux bras puissants me tire alors vers le haut et je me retrouve toute éberluée debout entourée de deux gardes. Et Otenmaru en face de moi. Forcément. Il fait alors une petite annonce pour les gens qui regardent la scène des fenêtres :
-Cette jeune demoiselle fait à présent partie de la mafia, merci de ne pas la brutaliser. Et au niveau de la hiérarchie, seul moi est le droit de lui donner des ordres. Compris ?
Tout le monde hoche de la tête et Otenmaru fait signe aux gardes de me lâcher.
-C’est fou Clarissa…
-Kalista.
Et j’ajoute précipitamment : « s’il-vous-plaît ».
Il me fixe en silence. Silence qui s’étire.
-C’est bien Kalista-chan. Tu me permets bien sûr ?
Je hoche la tête en silence. Si ça l’amuse de mettre chan à la fin de mon prénom, qu’il s’amuse.
-Tu apprends de tes erreurs. Bon allez suis moi, on va aller dans mon bureau.
Quelques minutes plus tard, je suis assise devant un grand bureau en acajou encombré de papiers divers.
Otenmaru s’excuse en désignant le monceau de bazar :
-Désolé, beaucoup d’affaire m’attendent. J’ai perdu un temps précieux à t’attraper.
-Que devrais-je dire alors, je murmure dans ma barbe.
Il se lève alors et se dirige vers la fenêtre. Il réfléchit en silence.
-Tu devais vraiment être désespérée pour te jeter par la fenêtre…
-J’ai une peau à sauver. Je ne suis pas particulièrement aimée ici…
-Je le sais bien. C’est tout l’intérêt de la chose.
Une pointe d’amusement et d’ironie perce dans sa voix. Mais également de curiosité.
J’attends. Je contemple les quelques bibelots qui décorent la pièce en attendant de de passer à la casserole. Ma tension monte, je ne sais pas du tout ce qu’il va dire ou me proposer. Otenmaru revient s’asseoir à son bureau et me fixe longuement. Il décide alors de jouer franc jeu.
-Kalista-chan, on a besoin de tes compétences au sein de la mafia.
C’est la meilleure ça ! Où est la caméra ?
-Je te propose donc un deal.
Je lève un sourcil, intéressée.
-Tu nous aides pour résoudre différents problèmes et je fais en sorte de mettre en œuvre tous les moyens pour que ta famille ne te retrouve pas.
-De base, si je suis partie c’est parce que je ne voulais plus de ce monde… Alors il va falloir trouver autre chose pour me convaincre de ne pas vous trahir.
-Tu es recherchée dans tous les secteurs occupés par les yakuzas. Si je décide de faire de même en lançant une prime sur ta tête, tu ne resteras pas vivante plus de quelques heures. Tu ne pourras pas quitter ni la ville, ni le pays. La vie sera un enfer. Par contre avec ce que je te propose, tu vivras normalement chez Daiki-san mais en nous aidant de temps à autres. En plus, si je ne m’abuse, tu as un bien meilleur niveau scolaire que l’année dans laquelle tu es inscrite… donc aucun problème si tu es obligée de rater des cours.
Le renard… Il a tout manigancé dans les moindres détails.
-Vous avez fait des petites recherches à ce que je vois. Je serais payée ?
-Femme vénale…
Eh oui ! Toujours trouver le moyen d’en profiter un maximum.
-Donc oui tu seras payée, il reprend, en fonction de l’ampleur de ce que tu auras entrepris.
-Pas de prix fixé ?
-Non.
Ça, ce n’est pas forcément à mon avantage, il pourrait me payer une misère pour trahir les miens, me mettre en danger et j’en passe.
-Dans ce cas j’ai des conditions.
-Des conditions ?
Cette fois, c’est lui qui est étonné. Il n’a pas l’habitude qu’on lui résiste. Mais moi c’est dans ma nature. Même si je n’avais rien de particulier à demander, je le ferais quand même. Une question de principes.
-Bien sûr ! Pour qu’un marché soit intéressant, il faut que les deux parties y gagnent quelque chose !
Il me fait signe de poursuivre.
-Je ne ferais rien qui pourrait apporter un préjudice direct à ma famille. Pirater leur système par exemple.
-Accordé, c’est normal.
-Je peux vous appeler juste pas votre nom ? Hors de question que je vous donne du sama !
Il sourit, amusé.
-D’accord mais tu me dois le respect, non seulement je suis ton chef direct mais je ne peux pas perdre la face devant mes hommes.
-Evidemment. Je veux aussi avoir la main libre en ce qui concerne les « projets » dont vous me chargerez. Mon travail, mes méthodes. Et je refuse d’être suivie par un de vos gardes, espions ou je ne sais quoi. Il ne faut pas non plus mettre Daiki-chi au courant de ça.
-Ça c’est ce que j’appelle un esprit bien construit ! Tes conditions ne me gênent pas, par contre tu risques d’avoir des problèmes avec tes « collègues » dirons-nous. Et si c’est la cas, je ne lèverais pas un petit doigt pour toi. Ils ne peuvent pas te donner d’ordre mais occupes toi de ta politique intérieure.
-Je les règlerais moi-même, fais-je avec un petit sourire et une lueur de méchanceté dans les yeux.
-Alors bienvenue dans la mafia Kalista !
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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles