Blog contenant des histoires inventées et des poèmes
-Voici une nouvelle élève, accueillez-la chaleureusement.
Une vingtaine de paires d’yeux me regardent, dix-huit en fait puisque c’est moi la vingtième et que Catiel n’est pas présent. Il a dû sécher.
-Bonjour tout le monde ! Je m’appelle Viviane Layne ! J’espère que l’on s’entendra bien !
Les gens se regardent et commencent à murmurer, sûrement à cause de mon nom mais comme je ne suis pas censée être au courant que Catiel et moi avons le même, je ne dis rien.
-Bon, vas à ta place, au fond, me précise le prof, continuons le cours.
Je vais m’asseoir tout au fond, seule à la table double.
Le cours continue normalement comme si mon apparition n’avait rien changée. J’ouvre mon cahier –l’académie m’a offert des affaires scolaires toutes neuves- et commence à essayer d’écrire ce que dit le prof.
-Et donc, tout le monde pourra comprendre que le mysticisme vienne de loin en loin s’insérer, original et ineffable, dans une religion préexistante formulée en termes d’intelligence, tandis qu’il sera difficile de faire admettre l’idée d’une religion qui n’existerait que par le mysticisme, dont elle serait un extrait intellectuellement formulable et par conséquent généralisable.
Mais c’est incompréhensible son truc !! Il ne pourrait pas utiliser des mots compréhensibles ? Ou plutôt définir le « mysti-truc », ça m’arrangerait.
Discrètement je regarde mon emploi du temps, « éducation religieuse et sociale des communautés anciennes ». C’est une école de barges… A-t-on déjà vu un nom de matière aussi compliqué ? Je nage en plein délire, je dois rêver.
Je me pince très fort…
-Aïe ! je m’exclame à voix haute.
-Quelque chose à ajouter Mademoiselle Layne ?
-Euh… Vous pourriez définir le mysticisme M’sieur ?
Grand éclat de rire de la part de toute la classe.
-J’osais espérer que puisque ce transfert était exceptionnel, vous aviez au moins un niveau scolaire basique… Je me trompais apparemment. Claire, aide ta nouvelle camarade.
D’accoooord. Je parie qu’il m’a prise en grippe dès la première minute… Les autres auront droit au tutoiement et moi au vouvoiement ainsi qu’au sarcasme incessant. Allez Viviane ! Sourit !
-Merci Monsieur, c’est bien aimable à vous, dis-je avec un grand sourire.
Il me regarde hautainement…
-Claire ! S’il-te-plaît !
La dénommé Claire prend la parole :
-Le mysticisme est le fait de d’expérimenter des expériences spirituelles de l’ordre du contact ou de la communication avec un être transcendant non-discernable par le sens commun. Il est dit que si la religion peut être assimilée intellectuellement, c’est-à-dire que l’on peut se l’approprier par la pensée, le mysticisme relève de l’ordre du cœur et on ne peut qu’en faire l’expérience.
Super, maintenant j’ai un dictionnaire comme camarade de classe… Je ne suis pas sûre de bien m’intégrer dans cette classe… En plus c’est pas tellement plus compréhensible, je m’embrouille un peu…
-Eh bien, mer-
« Pourquoi toute cette compétition entre nous tous ? Pourquoi sommes-nous obligés chaque jour, à chaque instant d’être en compétition avec les autres ? N’aurons-nous jamais le droit de vivre en liberté, loin de cette maudite académie ? Ce n’est qu’une prison destinée à contrôlé les éléments magiques dépassant l’Etat. Il a peur, il a peur de nous ! Alors il sera content, hein ? Un Magic en moins, une menace de moi pour ce tyran, cette dictature que personne n’ose appeler par ce nom ! »
« Je suis en haut du toit, je monte sur la parapet et observe le seul en contrebas. Il y a au moins vingt mètres de vide avant que je frappe le sol. La chute sera-t-elle rapide ou longue ? Que vais-je ressentir ? Peu importe, la mort me délivrera de mon calvaire… »
-Nooooon !
Je tourne la tête par la fenêtre et le voit, tout en haut du toit du bâtiment d’en face. En un instant je me jette par la fenêtre, je ne me souviens même pas de l’avoir ouverte. Tout ce qui compte c’est voler, voler le plus vite possible ! Le bâtiment d’en face se rapproche de plus en plus, je le vois sauter. Je n’y arriverais pas à temps… Je tends les bras, accélère encore un peu…
Boum ! On tombe ensemble sur le sol, sains et saufs. J’ai réussi à amortir la chute en étendant mes ailes au maximum au dernier moment. C’était juste.
-Qu’est-ce que… Le garçon que j’ai sauvé n’en revient pas, il ne se rend pas compte qu’il est en vie.
-Un ange… Je suis au Paradis ?
-Non ! Tu es en vie !
-Mais…
-Ecoutes-moi, je n’ai pas beaucoup de temps avant que d’autres personnes arrivent, alors écoutes-moi avec attention.
En disant ça on s’est redressé tous les deux, et je suis assise en tailleur en face de lui. Je le regarde dans les yeux.
-Tu n’as pas le DROIT de te suicider ! Peut-être qu’effectivement la compétition te tue à petit feu mais elle t’empêche de te ramollir ! Pousse tes compétences au maximum, profite de cet Etat qui veut t’enfermer et bats-toi ! Sers-toi de ce que tu apprends pour pouvoir lutter contre lui. Ta liberté il ne peut pas te la prendre, c’est toi qui te la supprime toi-même. Tant que tu te diras que tu es libre, tu le seras. Si on t’empêche de bouger, tu peux toujours penser, parler, convaincre. D’autres personnes pensent sûrement comme-toi, tu peux les chercher et enfin trouver des personnes en qui parler et te confier. Mais si tu veux porter un coup dur à l’Etat, justement ne lui accordes pas cette faveur de mourir et soit heureux, soit tellement heureux que tu en oublies que tu as été triste et désespéré un jour.
J’ai dit ça d’une seule traite, et je vois que mes mots l’ont frappé. Ses yeux se remplissent de larmes.
-Merci ! Merci mon ange ! Tu me redonnes espoir, je ferais de mon mieux, me sourit-il malgré ses larmes.
Et je suis soulagée, une douce chaleur envahie mon corps, elle réchauffe mes membres et me remplit de bonheur. Je me lève doucement, le regarde tendrement et m’envole. Je m’élève doucement puis de plus en plus rapidement ; ce bonheur qui me remplit n’est pas le mien, c’est le sien. Il a de nouveau un but, une raison de vivre et son bonheur me remplit entièrement et décuple le mien. De nouveau je me laisse entrainer dans le vol. Je m’élève à une telle altitude que je suis persuadée que personne ne me voit.
Je fais un looping, tourbillonne, accélère, décélère, plane, plonge.
-C’est génial !
J’exulte, j’aime tellement voler ! Mes ailes répondent à mes moindres désirs, le vent se module selon mes envies. Et là-haut, dans ce ciel réservé à quelques élus, je me sens une nouvelle fois libre. Libre de me mouvoir comme il m’en prend l’envie et libre d’enfin prendre une pause pour réfléchir. Je ferme les yeux et me laisse planer selon les courants aériens… Je sens la douceur du vent sur ma peau, il entoure mon visage, glisse sur mon corps et est capturé par mes ailes. Sa puissance m’appartient et je ne fais qu’un avec lui. Cet élément invisible me calme, m’apaise et peut faire partie de mes pires ennemis comme de mes meilleurs alliés.
Alors que je m’abime dans un monde de pures sensations, je comprends enfin pourquoi on m’a donné cet uniforme : il dégage mes épaules entièrement, ce qui permet de laisser mes ailes apparaitre sans abimer le tissu à chaque fois. La jupe courte est tout de même ample avec beaucoup de jupons et un long voile transparent part du bas de mon dos jusqu’à mes chevilles. Je peux ainsi le rabattre sur mes épaules pour ne pas avoir froid lorsque je n’ai pas déployé mes ailes, et il ne me gêne pas lorsque je vole. De plus la jupe est suffisamment chaude pour que je ne sois pas frigorifiée en vol…
L’uniforme est parfaitement adapté… et particulièrement joli !
Une fois mon excitation retombée, il ne me reste plus qu’une douce chaleur et je décide de redescendre doucement vers le toit le plus proche. Une fois posée, je prends une grande inspiration et fait disparaitre mes ailes. Il m’en coute tellement ! Mais je me résigne à retourner vers ce monde …
-Tu m’as volé ma mort.
Une voix acide, hargneuse mais reconnaissable entre toutes. Catiel. Je me retourne lentement.
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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles