• Bonheur et devoir sont-ils conciliables ? 16/20

    Devoir très intéressant et bien mené. Il témoigne d'un travail, d'une culture et d'une réflexion personnelle. Améliorez l'introduction.

     

    Le devoir est par essence même vu comme une obligation et synonyme de contraintes? Le bonheur est un état où l'individu est heureux ; étymologiquement il signifie "bonne fortune" ou "bonne chance" or l chance n'a que peu à voir avec le devoir... Toutefois le sens du devoir dépend de chacun, tout comme l'accession au bonheur. Peut-on concilier bonheur et devoir ? Peut-on vraiment être heureux si l'on n'a aucun devoir à accomplir ?

    Il convient d'abord de discuter sur le bonheur engendré -ou non- par les devoirs que se donnent les hommes au sein d'une société. Cependant il ne fait pas oublier que les hommes ont également un devoir moral envers eux-mêmes et les autres.

     

    Vivre en société c'est tout d'abord vivre en famille, dans un foyer : la prime société n'est-elle pas celle formée par son père et sa mère puis ses frères et sœurs ? Dans une famille les individus ont tissés des liens forts les uns avec les autres et chaque individu a donc des devoirs pour faire respecter l'harmonie au sein de ce groupe ou subvenir à ses besoins. Ainsi un père et une mère ont le devoir de bien éduquer leurs enfants, les emmener à l'école, pourvoir à leurs besoins et vivre dans un endroit décent. Cela peut-être dur mais bien qu'il y ait des moments difficiles à passer, on peut y trouver du bonheur. En effet de par l'accomplissement de ces devoirs la famille s'en trouve heureuse : les enfants heureux de pouvoir aller à l'école, avoir des vêtements neufs, une belle maison... Et voir sa famille heureuse permet d'être heureux aussi. On peut atteindre le bonheur en voyant celui des autres et en se disant qu'on y a contribué grâce à ses efforts. le devoir que l'on a envers sa famille nous permet d'être heureux.

    Mais l'ensemble des familles forment une société vivant dans un Etat et chaque individu y a des droits et des devoirs : ces derniers ne semblent pas procurer de la joie. Partir en guerre pour son pays est un devoir de chaque citoyen mais il est difficile de se résoudre à abandonner sa famille pour de longs mois voire de mourir pour une guerre, une cause dont on ne connait pas vraiment l'utilité. A l'époque actuelle il est difficile d'imaginer d'être heureux de partir à la guerre. Cependant auparavant les soldats ne partaient-ils pas "la fleur au fusil" ? Ils étaient également tristes de partir mais heureux et fiers d'accomplir leur devoir envers leur patrie. La notion du devoir était très différente à ces époques différentes : dans l'une on peut voir la fierté d'accomplir son devoir, dans l'autre la peur de devoir abandonner son confort pour une cause incertaine. Le devoir est ici lié au sens du sacrifice.

    La religion est également source de devoir. Avant la séparation de l'Eglise et de l'Etat en France, la parole biblique était loi. Encore avant, les chrétiens devaient suivre les dix commandements . Les différentes devoirs donnés par l'Eglise empêchaient pour certains de répandre le malheur autour de soi et ainsi rendre les autres malheureux, de se rendre malheureux par d'autres. Enfin certains de ces devoirs permettaient d'aller au Paradis et d'accéder au Salut : ils permettaient donc d'être heureux à long terme. Cependant la notion de devoir a évoluée au fil du temps et maintenant bien qu'adhérant à une religion, le croyant préfère faire passer son bonheur personnel avant ses devoirs religieux. Par exemple si la religion d'une personne lui interdit de divorcer mais que la vie de couple n'est plus supportable, faut-il accomplir son devoir religieux, divorcer tout en sachant que l'on commet un péché ? De même, l'Eglise catholique interdit le suicide mais si l'on veut se suicider n'est-ce pas justement parce que l'on n'arrive plus à trouver le bonheur dans sa vie et que le désespoir envahit tout ? Accomplir son devoir ne permet pas ici d'être heureux, il contribue même au malheur des personnes. On peut parler d'application "à la carte" des devoirs donnés par les religions. C'est-à-dire que l'on choisi d'appliquer les devoirs donnés en fonction de s'il nous permettra d'être heureux ou au contraire de nous rendre malheureux.

     

    Certains devoirs sont donnés par des autorités extérieures, notamment la famille ou l'Etat. Ceux-ci sont engendrés par des valeurs communes à la société. Pourtant chaque individu étant unique, sons sens du devoir ne l'est-il pas aussi ?

    Kant disait "la loi morale en moi, le ciel étoilé au dessus de moi". Pour lui, "le ciel étoilé" représentait une source infinie de choses à découvrir à l'extérieur de lui-même tandis que la "loi morale" était internet à lui-même, presque inconsciente. Celle-ci est interne à chaque individu à qui il appartient de la découvrir. Cependant elle n'est pas faite de mots ou de phrases simples à appliquer comme "tu ne tueras point". La trouver est donc difficile mais elle permet de faire son devoir moral.

    Kant dit également qu'il faut agir "de telle sorte que tu traites l'humanité dans ta personne comme dans celle d'autrui, jamais comme un moyen mais toujours comme une fin". Ce qui signifie qu'il ne faut pas se servir des autres comme des moyens car eux aussi sont des êtres humains. On n'est pas habitué à avoir des devoirs envers nous-mêmes et pourtant Kant nous enjoint à respecter l'humanité dans notre personne. On ne doit pas se servir des autres et on doit se refuser à se laisser faire esclave. Il ne faut pas laisser les autres se servir de nous comme des moyens. Nous avons un devoir moral envers nous-même. Si celui-ci ne nous permet pas d'être plus heureux, il nous évite d'être malheureux : personne n'aime qu'on se serve de soi. Mais s'il empêche que l'on soit malheureux, n'abonde-t-il pas tout de même dans le sens du bonheur ?

    Et si l'on ne veut pas accomplir des devoirs envers nous-même : après tout chaque homme est libre et peut décider que tant qu'il ne nuit pas aux autres, il fait ce qu'il souhaite de sa vie, on a des devoirs moraux envers les autres. Un proverbe dit "si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour les autres". C'est-à-dire que même si la personne ne veut pas avoir des devoirs envers elle-même, elle y est tout de même obligée pour ne pas nuire à son entourage. Par exemple en refusant de s'alimenter ou en buvant inconsidérément, elle peut engendrer de la tristesse ou mettre sa famille dans le besoin? Le devoir moral envers soi-même est lié  celui envers les autres et sa famille.

    La deuxième formule de Kant dit : "agis de telle sorte que la maxime de ton action deviennent une loi universelle". Pour illustrer cette loi, on peut donner un exemple : mettons qu'une personne ait un besoin urgent d'une grosse somme d'argent pour payer ses factures. Elle demande alors à un ami de lui donner de l'argent en promettant de le lui rendre -tout en sachant qu'il ne le pourra pas. Si l'on traduit en maxime cet exemple alors chaque personne en manque d'argent en demandera, promettra de rembourser mais ne le pourrait pas. Le monde deviendrait alors invivable car peuplé de fausses promesses. On ne saurait plus à qui faire confiance et l'essence même des promesses disparaîtrait. L'homme se doit dont  donc d'agir correctement, pas seulement pour soi mais pour les autres. S'il veut lui-même accéder au bonheur alors il ne doit pas se créer un environnement dans lequel il ne serait plus possible d'être heureux. Cependant les deux types de devoirs peuvent être en conflit pour accéder au bonheur : si un prince demande à un de ses sujets de faire un faux témoignage contre une personne pour la discréditer, le sujet à deux choix. Son devoir envers son prince le rendra malheureux car il condamnera un innocent et la culpabilité le rongera toute sa vie. Son devoir moral lui interdit pourtant de faire ce témoignage : il serait ainsi heureux d'avoir fait une bonne action mais cela pourrait avoir des retombées sur lui-même ou sa famille. Quel devoir faut-il donc appliquer en priorité ? Doit-on faire passer son bonheur avant toute chose ?

     

    Il doit donc y avoir un juste milieu : l'homme ne peut pas vivre pour son propre bonheur au détriment de celui des autres en n'accomplissant aucun devoir. Pour que chacun soit heureux, il faut que tous accomplissent des devoirs. Si certains ne rendant pas heureux d'autres le peuvent, et si ce n'est pas à court terme, a peut l'être à long terme.

    De plus chaque homme étant unique, sa perception du devoir et du bonheur sont différentes d'un autre : l'accomplissement d'un devoir peut rendre heureux l'un mais ne rendra pas forcément heureux l'autre. Bonheur et devoir sont donc conciliables mais il est vrai que parfois il est difficile d'être heureux par le biais des devoirs donnés par la société elle-même. Accomplie son devoir moral est donc un moyen d'accéder au bonheur car se dire que l'on est dans le droit chemin tel qu'on se l'imagine est une satisfaction, un bonheur que chacun peut ressentir. Toutefois il ne faut pas oublier que le fait d'accomplir un devoir peut rendre heureux.