Blog contenant des histoires inventées et des poèmes
Je trottine à côté de Daiki-chi qui fait de longues enjambées et ne se préoccupe pas du tout de moi. Il a l’air préoccupé par quelque chose…
-Tu me promets que c’est seulement pour quelques temps ? Je n’ai pas envie d’être complice d’une fugue…
Sa voix me fait sortir de ma rêverie.
-Ah ? Pardon ?
Il me regarde fixement et j’essaye de me remémorer ce qu’il vient de dire. Mais comme on dit, c’est passé par une oreille et c’est ressorti par l’autre.
-Euh…
-Tu m’as écouté au moins ?
-Euh…
-Pff t’abuses, si tu veux rester chez moi, tâche de m’écouter un peu plus attentivement sinon ça va être un enfer !
-Promis ! Donc tu disais ?
-Est-ce que je vais avoir des problèmes avec la police si je t’héberge ?
J’éclate de rire. Mais alors, d’un rire énorme, un fou rire incontrôlable. S’il savait !
-T’inquiète pas ! Ce n’est pas le genre de mes parents. Ils seraient plutôt du genre à venir eux-mêmes me chercher par la peau du cou… je marmonne.
-Tu disais ?
-Non rien.
En tout cas, il a l’air rassuré. Il doit être un peu naïf, ce n’est pas possible… ou alors il est sûr de ne pas avoir de problèmes. M’enfin on ne peut pas croire sur parole une inconnue ! Mais je ne vais pas me plaindre non plus, ça m’arrange bien.
On marche encore quelques minutes en silence.
-Ça y est on arrive dans mon quartier Kalista-chan. Regarde bien où tu te trouves.
Son quartier est plutôt de banlieue, mais une banlieue ni délabrée ni chic. Le juste équilibre. La « faune » locale a tout de même l’air peu rassurant. Quelques groupes de voyous (ou qui tentent de l’être) par ci, par là mais rien qui ne puisse m’inquiéter. En plus de nombreuses personnes âgées se promènent seules, ce qui est signe qu’ils ne sont pas méchants.
-Bon alors voilà la superette où je fais mes courses, et l’immeuble où j’habite est au coin de la rue. Le lycée est 15 minutes à pied. On ira ensemble demain.
-Demain ?
-Bien sûr ! On a cours le Samedi je te rappelle !
Oh mon dieu… Quelle horreur !
-Pas grave, je sécherais le Samedi, de toute façon vous ne devez pas faire grand-chose de très intéressant.
-C’est bizarre. Tu parles comme si tu n’y étais jamais allée !
Oups ! La belle bourde. Il me fixe de ses beaux yeux noirs mais il y a comme une lueur de suspicion.
-En fait je viens de me faire transférer. Donc je n’ai jamais mis les pieds là-bas.
Il ne me répond pas. Comme si une fois la justification donnée, il n’y avait plus besoin de pousser un peu plus loin. Ça va être facile de vivre avec lui sans exposer mon secret.
La clé cliquète dans la serrure et nous entrons dans son appartement trois pièces.
-Pour le double de la clé, on ira t’en faire un ce week-end.
-Qu’as-tu fais de la deuxième clé fournie obligatoirement ?
-Pour ma famille.
Ses yeux évitent mon regard. Je suppose qu’il ne veut pas parler d’elle. De toute façon ça ne me regarde pas, je suis juste une « coloc » maintenant.
-Alors en face, tu as le séjour couplé à une petite cuisine. Ça me sert de bureau, de salle à manger, et aussi de salon.
Je fais quelque pas dans la pièce qui est étonnamment bien rangée. Une grande bibliothèque occupe tout un pan de mur à côté d’un bureau très bien équipé en informatique. Sinon il n’y a qu’un canapé, des coussins et une table basse.
-A droite la salle de bain, douche et toilettes dans la même pièce.
Ah. Problématique.
-Je vois. Ne pas oublier de frapper avant d’entrer donc.
-Oui, ça va être impératif je crois.
Je lui jette un coup d’œil avec un sourire en coin. Lui aussi en a un. Je souris plus franchement.
J’entre et ce que je vois me déconcerte : c’est une douche italienne ! On pourrait y mettre facilement six personnes ! En plus tout est dans des tons pastel, c’est super joli. Je me jette un coup d’œil dans le miroir où on se reflète tous les deux. J’ai l’air encore plus petite à côté de lui ! Mes cheveux bouclés sont tout emmêlés et mes yeux verts sont comme une petite lumière vive au milieu de mon visage pâle encadré par mes cheveux foncés. Je me souris en me faisant un clin d’œil ; j’ai ferré le bon poisson !
-Et ta chambre ?
-Euh c’est vraiment nécessaire ?
-Bien sûr, c’est le plus drôle ! je lui dis avec un grand sourire.
De toute façon je ne lui laisse pas le choix et je me dirige franco vers la dernière porte. Et là, impossible de faire un seul pas ! Un bordel monstre… Des bouquins et des mangas s’empilent au milieu de vêtements sales et de divers objets assez hétéroclites : un ballon de foot, un club sous l’armoire, des sachets de bonbons, des balles de tennis, une valise…
-Euh, tu ne ranges jamais ? Je commence à comprendre pourquoi tu travailles dans ton séjour…
-C’est bien pour ça que je ne voulais pas te le montrer !
-Mouais…et je dors où dans tout ça ? Tu n’aurais pas un futon d’appoint ?
-Euh… non.
-Alors une couverture en double ? Comme ça je dormirais sur le canapé.
-Non plus.
Il commence à être gêné. Ne me dites pas…
-On va devoir dormir dans le même lit ? je crie.
C’est la meilleure ! Je n’ai encore jamais dormi avec un garçon, moi !
-Oui.
Cette fois il est rouge jusqu’à la racine des cheveux. Je suppose qu’il n’y est pas plus habitué que moi.
-Et tu dors dans un lit simple ?
-Nope un double.
-Ouf ! Bon bah je me mets au nettoyage de suite alors.
-Au nettoyage ?
-Ben oui ! Tu crois quand même pas que je vais dormir dans cette porcherie ?! Par contre c’est toi qui fais à manger ; je veux bien faire le ménage, la vaisselle, les courses, mais tu fais la cuisine et tu t’occupes du linge. Ça marche ?
-Marché conclu !
Il me tape la main en signe de validation de notre accord et se dirige tout de suite vers le frigo.
-On mange à quelle heure ?
-Dans une heure je dirais.
-D’accord ! En une heure ta chambre sera parfaite, je t’emprunte un tee-shirt.
-Un tee-shirt ?
Il me regarde d’un air éberlué comme si je venais de lui annoncer qu’en fait j’avais vingt-cinq ans et que j’étais mariée ! J’éclate de rire et je me dirige vers sa chambre sans pour autant répondre à sa question.
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cette histoire a été entièrement inventée, merci de respecter l'auteure et de ne pas vous servir de ce texte à des fins personnelles